Il y a une constante dans toute République, peu importe sa nature, qu’elle soit démocratique ou dictatoriale : des élections organisées à des dates prévisibles. Même les pires dictatures conservent une certaine apparence de démocratie, en organisant des élections aux dates prévues. Même dans les pays en crise, les élections sont organisées pour donner une apparence de stabilité et un sentiment de normalité. Depuis 1963, les élections présidentielles, au Sénégal, ont toujours été organisées aux dates prévues. Peu importe la situation du pays, les scrutins présidentiels se sont toujours tenus.
Toute la semaine dernière couraient des rumeurs que l’élection présidentielle serait annulée ou reportée. Je refusais d’y croire, pensant que dans un pays comme le Sénégal, cela n’arriverait jamais, d’autant plus qu’il n’y a aucune crise, aucune instabilité.
Dans notre conception de la démocratie au Sénégal, les élections s’organisent toujours aux dates prévues ; elles sont libres, chaque personne remplissant les conditions requises est autorisée à y participer. Abdou Diouf n’a jamais empêché Abdoulaye Wade de participer à une élection. Abdoulaye Wade ne l’a jamais fait pour aucun de ses opposants. Cela faisait qu’il y avait une exception démocratique sénégalaise en Afrique dont les Sénégalais étaient fiers.
La démocratie sénégalaise n’était pas parfaite, elle était incomplète, mais elle gardait toutes les apparences d’une démocratie. La perte des élections par deux présidents en exercice et la transmission pacifique du pouvoir renforçaient cette perception. Le Sénégal et les Sénégalais s’en enorgueillissaient.
Au fil des années, cette perception a diminué de plus en plus, surtout depuis 2012. Des opposants ont été empêchés de participer à des élections. Une situation, encore plus dangereuse, est en train d’être créée, avec le vœu de certains députés de reporter l’élection.
La première fois que se crée un précédent, tout le monde est choqué. La deuxième fois, les gens le sont beaucoup moins, la troisième fois, un peu moins encore, et les autres fois, ils ne le seront plus. Le précédent devient une règle, il fait partie du décor, et les personnes l’intègrent dans leur quotidien et en font une normalité.
Pour cela, si ce report passe, cela créera un danger. Tout futur Président du Sénégal pourra le refaire. Pour cela, cela ne doit pas arriver, car cet antécédent sera un désastre pour notre démocratie et pour le futur du Sénégal.
Aujourd’hui, nous devons nous battre pour notre Sénégal, continuer d’en faire un Etat démocratique, un phare des libertés politiques en Afrique. Que les patriotes se battent pour sauvegarder la Répu­blique.
Vive le Sénégal !
Homo SENEGALENSIS