Ancien capitaine de la République démocratique du Congo, Youssouf Mulumbu s’est confié à l’occasion d’une longue enquête réalisée par Romain Molina pour le média Sport News Africa, sur le système pédocriminel qui toucherait la Rd Congo.

«C’est un réseau, il ne faut pas avoir peur des mots», a tout d’abord déclaré le milieu de terrain, avant de préciser. «C’est un système, ce n’est pas un cas isolé de pédophilie. Des coéquipiers et des jeunes sont venus me parler de ce qu’ils ont vécu, des propositions qu’ils recevaient. Je l’ai vu et entendu à de nombreuses reprises. C’est une réalité (…) Je comprends que c’est dur (de témoigner). Beaucoup ont peur, d’autres ont honte. On fait rentrer dans la tête des jeunes qu’ils doivent donner leurs fesses, que c’est comme ça que ça se passe en Europe. J’ai été surpris car beaucoup de joueurs ici pensent qu’en Europe, il faut coucher. Ça montre à quel point on leur a inculqué ça dans le crâne», regrettait ainsi Mulumbu.

L’ancien joueur du Celtic en Ecosse révèle qu’un ancien entraîneur, Guy Roger Limolo, avait été vu en plein acte dans les toilettes du Stade Tata Raphaël et avait quand même pu continuer à exercer en tant qu’entraîneur sans problème.
Contactés par Sport News Africa, le président et le vice-président de la Fédération congolaise de football n’ont, quant à eux, pas souhaité s’exprimer. Romain Molina explique que le média africain aurait réuni au total une dizaine d’audios envoyés sur Whatsapp par les officiels, avec des aveux glaçants.

Bien que mis au courant de certains des abus subis par plusieurs joueurs enfants et adultes en décembre 2020, plusieurs membres de la Fédération congolaise de football auraient nié leur présence à une réunion qui avait pour but d’aborder ces sujets, alors que plusieurs témoins affirment le contraire.
Molina évoque ensuite le cas Bertin Maku, ancien entraîneur du Racing Club de Kinshasa et de Lupopo, qui est accusé de chantage sexuel par plusieurs de ses joueurs qui déclarent qu’il «fallait coucher pour jouer» ; ce qu’il nie. Il aurait également réclamé les primes touchées par certains joueurs pour accepter de les faire jouer.

Et si certaines instances ferment les yeux sur ces différentes affaires, Hérita Ilunga, ancien joueur congolais et désormais président de l’Union des footballeurs congolais, tente de mettre ces scandales en lumière. «J’ai reçu plusieurs témoignages et preuves de ces abus. Des coaches qui demandent à des gamins de coucher avec eux, de faire des sacrifices. Je travaille de mon côté depuis un moment pour répertorier cela et voir les actions possibles pour nettoyer notre sport et permettre aux enfants d’évoluer dans un environnement sécurisé», a-t-il expliqué.
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