Se plaignant auprès de l’Union européenne : 43 candidats recalés dénoncent le «retrait» de 900 mille électeurs du fichier
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Les 43 candidats à l’élection présidentielle recalés par le Conseil constitutionnel, lors des opérations de contrôle de parrainage, ont rencontré hier la représentation de l’Union européenne (Ue) à Dakar. Une démarche qui ne vise Conseil constitutionnel,pas, disent-ils, à chercher une solution, mais à informer leurs hôtes de la situation scandaleuse, qui est née du processus de contrôle «frauduleux» pour de nombreux candidats du parrainage.
«On est venus échanger avec l’Ue sur les prémices d’un chaos électoral est en train de se dessiner. Tout le monde a vu ces incongruités au niveau des opérations de contrôle du parrainage. Ces opérations de contrôle ont été menées dans la plus grande nébuleuse qui, aujourd’hui, ont fait que nous nous sommes retrouvés avec 900 mille (citoyens), qui sont sur le fichier parce qu’ils ont des cartes d’électeur et des bureaux de vote et un centre de vote. Malheureusement, ils sont considérés comme des non-électeurs comme par un coup de baguette magique», a expliqué Bougane Guèye Dany, candidat recalé et président du mouvement «Gueum sa bopp».
D’après la candidate recalée, Aminata Touré, ils ont exposé les différents cas de figure à l’Union européenne, qui a contribué au financement du fichier électoral, qui n’a pas fait l’objet d’un consensus entre tous les acteurs politiques sénégalais.
nombreux. Vous avez Samba Ndiaye, qui est de Ndoffane. 39 000 (parrains) non identifiés sur le fichier, parmi lesquels il y a des militants, des alliés, des sympathisants. Moi-même, j’ai eu 10 400 non identifiés et pourtant nous disposons de la photocopie de leur carte d’électeur. Vous avez aussi le cas des candidats, qui sont venus pour la certification de leur clé Usb certifiée au niveau du greffe. On laisse la clé au greffe, il faut le souligner. Les candidats ne repartent pas avec leur clé. La clé reste au niveau du greffe. Ils reviennent, deux, trois jours après, selon leur numéro d’arriver de tirage au sort, on leur dit que la clé n’est pas exploitable. Voilà des candidats qui ont fait le tour du pays pour collecter des parrainages. Mais pour 9 d’entre eux, on a déclaré qu’on ne peut pas ouvrir leur clé alors qu’on l’avait ouverte au niveau du greffe. Et, cette même clé est restée dans les locaux du Conseil constitutionnel. Vous avez des individus qui viennent avec leurs parrains, qui existent, on vous dit que les parrains n’existent pas. Ou vous venez avec une liste, après une vérification, qui a été faite au niveau du greffe, sur 14 régions, vous arrivez pour la vérification, une région manque. C’est mon cas pour la région de Saint-Louis. Il y a aussi le cas du député de Mbacké, Cheikh Abdou Bara Doly, qui s’est retrouvé également avec plus de 15 000 parrains non-identifiés alors qu’il a la photocopie de leur carte d’électeur», a détaillé l’ancienne première ministre sous Macky Sall.
«Tout cela montre que le processus est fallacieux», a ajouté Mme Mimi Touré. Avant de souligner que le problème, qui est né du parrainage, est lié au fichier. A l’en croire, «il y a un objectif clair de liquider certains».
Plaintes contre X et l’informaticien du Conseil constitutionnel
Seulement, ces 43 candidats recalés ne sont pas prêts à se laisser manger à la sauce du gouvernement. «Nous allons tous déposer des recours. Mais, nous allons même faire mieux. Nous allons déposer plainte contre X, puisque nos documents ont été falsifiés, des clés ont été falsifiées, parce qu’on a ôté certains de nos parrains de nos clés», a informé Mimi Toure.
Abondant dans le même sens, Bougane Guèye Dany dira que non seulement ils vont informer d’autres partenaires du Sénégal, mais qu’ils vont déposer plainte contre l’informaticien du Conseil constitutionnel. «Il y a une plainte collective, qui sera déposée contre l’informaticien du Conseil constitutionnel», a-t-il dit.
Mais, ces candidats écartés pour le moment de la course à la Présidence ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. «Nous avons prévu d’aller chez les guides religieux pour les informer de ce hold-up électoral, de ces sévices, qui n’augurent rien de bon aujourd’hui par rapport à des tensions post-électorales. Nous avons également prévu d’écrire au président de la République. Il n’y a que lui qui peut stopper ce processus le plus rapidement possible et permettre à tous les candidats d’être rétablis dans leurs droits», a ajouté le patron de D-Médias. Lui et ses camarades de lutte comptent poursuivre le combat jusqu’au bout pour aller vers une élection transparente et inclusive, «qui inclurait également Ousmane Sonko», a précisé, en outre, Mimi Touré. D’après elle, «la justice lui a donné raison pour qu’il (Ousmane Sonko) ait ses parrains, mais la Caisse des dépôts et consignations a refusé de prendre sa caution».
De l’avis de Mimi Touré, c’est un précèdent dangereux qu’il ne faut pas laisser passer. «Cela veut dire que lorsque vous irez à des élections municipales où on vous demandera dans vos dossiers de fournir votre extrait de naissance, si vous vous présentez contre un maire, il peut vous empêcher d’être candidat parce qu’il peut refuser de vous signez votre extrait de naissance et vous ne serez pas candidat.» Et c’est dans ce sens que ces candidats recalés promettent de travailler ensemble pour mobiliser les Sénégalais afin qu’ils soient rétablis dans leurs droits pour que ces 900 mille Sénégalais retrouvent leur droit de vote pour l’élection présidentielle à venir.
justin@lequotidien.sn