Les industries extractives ont généré 116,8 milliards de francs Cfa dont les 105,9 milliards ont été injectés dans les caisses de l’Etat du Sénégal en 2016. Mais l’on constate que les zones minières tardent à profiter de ces revenus générés par ce secteur.

En 2016, les industries extractives ont généré 116,8 milliards de francs Cfa dont les 105,9 milliards ont été injectés dans les caisses de l’Etat du Sénégal. Les rapports 2015 et 2016 de l’Initiative pour la transparence des industries extractives (Itie) qui ont été présentés hier, mettent en lumière une évolution progressive des recettes. Selon le président de la Chambre des mines, M. Abdoul Aziz Sy, de 46 milliards, cette contribution est passée à 116,8 milliards en 2016. Concernant le chiffre d’affaires, il est passé de 146 milliards en 2013, à 315 milliards en 2015 et 365 milliards en 2016. Dans le même temps, les emplois ont également beaucoup progressé. De 3 000 emplois en 2013, le secteur a généré 6 271 emplois en 2014, 7 082 en 2015 et 10 000 emplois en 2016. Le dynamisme du secteur extractif se manifeste également par une hausse des exportations qui sont passées de 31,4% en 2015 à 36% en 2016.
Selon les dispositions légales, 20% des droits fixes perçus devraient être réinvestis dans les collectivités locales ou ces entreprises se situent. Mais tel n’est pas le cas. Kédougou, qui enregistre une forte présence d’industrie minière évoluant principalement dans le secteur aurifère, est encore aujourd’hui parmi les zones les plus pauvres du pays. Mais le Directeur général de Sabodala gold operation (Sgo) dédouane les entreprises minières. «Une société minière n’apporte pas directement de la richesse aux populations. C’est l’Etat qui doit régler les problèmes de pauvreté en utilisant plusieurs leviers dont le secteur privé.» M. Sy informe que sa société a payé 31 milliards en 2016. Logiquement, la région de Kédougou aurait dû recevoir des investissements à hauteur de 4 milliards, indique M. Sy. Il souligne toutefois, que la compagnie qu’il dirige réalise beaucoup d’infrastructures sociales dans le cadre de son fonds social. «On construit des écoles, des postes de santé, on donne des fournitures scolaires, on réhabilite des routes. En plus des1 000 Séné­galais qui travaillent chez nous dont les 50% viennent de la région. On a créé aussi de la richesse, parce qu’on essaie d’avoir les hommes d’affaires de Kédougou qui achètent chez nous.» Chaque année, Sgo alimente son fonds social à hauteur de 700 millions de francs. La même somme est payée à la commune de Sabodala au titre de la patente.
Le Premier ministre, Maha­m­med Boun Abdallah Dionne, qui a présidé la rencontre, n’a pas manqué d’appeler à une application du règlement sur la péréquation des ressources au profit des collectivités locales.
Président du comité Sénégal de l’Itie, M. Mankeur Ndiaye indique que l’objectif du rapport Itie est de «faire en sorte que les citoyens sénégalais sachent exactement, ce que les entreprises qui interviennent dans le secteur minier, pétrolier ou gazier, versent à l’Etat». Selon l’ancien ministre des Affaires étrangères, cela participe à un apaisement du débat public sur la question des ressources minières.
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