L’exploitation minière, un secteur à problèmes en Afrique. Pour autant, ce secteur constitue le fer de lance des politiques économiques de développement de l’Afrique. Mais «elle n’a jamais profité au continent en termes de richesse pour sa population malgré son abondance», constate Me Mamadou Touré, administrateur de Simex Sa. Paradoxe ! Certains observateurs parlent même de malédiction pour caractériser ces ressources minières.
«Comment des pays peuvent-ils avoir une potentialité minière énorme et être classés parmi les pays les plus pauvres au monde», se demande Fatimata Ly, directrice d’Aps Consulting, coorganisatrice avec Simex Sa du séminaire sur la vision minière africaine et son appropriation locale au Sénégal. «A qui profite l’exploitation minière en Afrique ?», se demande Abdoulaye Sakho, professeur agrégé de droit privé à l’université Cheikh Anta Diop.
C’est ce que la Vision minière africaine se propose de changer. L’Union africaine a élaboré et adopté ce document (Vma) à l’horizon 2050 au Sommet des chefs d’Etat en 2009 qui permet aux pays africains de lever les obstacles au développement du continent dans le secteur minier. Son application locale se poursuit à des degrés divers.
Le directeur de Cabinet du ministère des Mines et de la géologie, Emmanuel Diédhiou, annonce une mise en œuvre progressive pour le cas du Sénégal. Mais en tout cas, soutient Pr Abdoulaye Sakho, cet outil est nécessaire, car la thématique est plus qu’actuelle et les enjeux plus qu’importants.
Quant à Jean Antoine Diouf, directeur intégration régionale de la Cedeao, il qualifie le secteur de complexe. La première contrainte pour nos Etats, c’est qu’ils ne sont pas assez outillés pour négocier les contrats. «Les multinationales viennent avec un cabinet composé de mille experts en face d’un Directeur général pour négocier un contrat. Vous imaginez qu’il y a peu de chance pour ce directeur de s’en sortir avec un contrat gagnant-gagnant», indique-t-il. Pour le directeur de l’intégration régional de la Cedeao, le premier combat serait de voir comment nos dirigeants arrivent-ils à avoir des aptitudes pour négocier et équilibrer ces contrats.
Pour ce faire, il suggère une harmonisation des politiques régionales ce à quoi nous invite d’ailleurs l’Union africaine à travers la vision minière africaine. Mais aussi il faut au niveau local, une approche participative. «Encourager le dialogue, écouter toutes les parties, la Société civile, les communautés et dépassionner le débat», plaide-t-il.
Le Sénégal est le premier pays à avoir la norme Itie satisfaisante en Afrique. Une belle réussite certes mais, d’après Antoine Diouf, «il ne faut pas dormir sous nos lauriers».
Le directeur de Cabinet du ministre des Mines et de la géologie appuie et souligne qu’il ne faut pas qu’on se complaise dans ces notes, surtout que cette note ne vient pas de nos communautés. «Ce n’est pas une note glorieuse», commente-t-il.
ndieng@lequotidien.sn
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