Quelque chose a changé 30 ans plus tard ? Les mêmes négligences liées au stockage de produits dangereux ont été observées au Port autonome de Dakar. Après l’explosion qui a dévasté le Port de Beyrouth en août 2021, le Pad a dû enlever de ses entrepôts, à la hâte, un important stock de produits chimiques explosifs. Au total, 3050 tonnes de nitrate d’ammonium, une substance chimique utilisée pour fabriquer des engrais ou des explosifs, y étaient stockées sur des palettes dans les entrepôts maliens du port.

Plus tard, les Maliens ont voulu trouver un site de stockage à Diamniadio. Puis, ils seront confrontés au ministère de l’Environnement, chargé de donner les autorisations de stockage de matières chimiques dangereuses. Plus d’un mois de stockage, le nitrate d’ammonium a été expédié vers le Mali. Sa destination finale reste des «sociétés minières maliennes qui l’utilisent dans des carrières».
«Nous avons demandé à ce que ce produit ne reste pas au Sénégal, car tout stockage de nitrate d’ammonium sur le territoire national nécessite une installation classée protection de l’environnement, afin de prévenir tout risque, explique Baba Dramé, Directeur de l’environnement et des établissements classés (Deec) au ministère de l’Environnement. Aujourd’hui, l’entreprise n’a pas demandé cette autorisation. Et si elle voulait l’obtenir, les procédures nécessiteraient du temps. Donc, face à l’urgence, nous avons demandé à ce que ces stocks quittent le pays.»

Pourtant, il y a quelques jours, les populations de Ngoundiane ont dû mener une bataille intense pour éloigner de leurs maisons, 66 camions remplis de 1980 tonnes de nitrate d’ammoniac.

Par ailleurs, le Collectif pour la défense des intérêts de Ngoundiane a exigé «l’annulation du projet de construction et d’exploitation du nitrate d’ammonium, d’une capacité de 6000 tonnes, appartenant à la société Licvem Africa Logistic Sarl, déjà validé par la Direction de l’environnement, après avis favorable des autorités municipales de Ngoundiane» et «la désaffection d’un (1) hectare attribué à ladite société», sans compter «l’audit des 4 dépôts de produits explosifs existants à Ngoundiane».

Il faut savoir qu’après le drame de Beyrouth, le Président Macky Sall avait demandé en Conseil des ministres le 19 août 2021… aux ministres de l’Intérieur et de l’Environnement, de mettre en œuvre un «Plan national de recensement, d’audit et de sécurisation des dépôts de produits chimiques dangereux».