Les pays en développement, particulièrement ceux de l’Afrique subsaharienne, sont confrontés à de graves difficultés liées aux lourdes conséquences financières du Covid-19, la hausse des prix des importations causée par la guerre en Ukraine et les manifestations populaires liées à la mal gouvernance des affaires publiques. Selon les experts de la Banque mondiale, «fin 2020, 720 millions de personnes vivaient dans l’extrême pauvreté, les inégalités ont progressé ; avec la guerre en Ukraine, 810 millions de personnes pourraient vivre dans la pauvreté à cause de la hausse du prix de l’énergie». Cette situation a mis en évidence la fragilité des chaînes de production, l’inefficacité des politiques d’emploi et les systèmes de protection sociale. Il s’y ajoute la faiblesse des pouvoirs publics à apporter des solutions urgentes et durables pour protéger les populations les plus vulnérables. Dans le Rapport annuel 2021, le groupe de la Banque africaine de développement estime «que 29 millions d’Africains ont sombré dans l’extrême pauvreté et qu’environ 22 millions d’emplois ont été perdus dans les pays africains».

Face à ces problèmes, les Etats ont tout intérêt à repenser les politiques de travail, surtout celles de l’emploi. Le Covid a cassé plus de 25 années d’effort économique dans le monde. L’emploi correspond à la population active occupée ; celle qui a un pouvoir d’achat. Sécuriser l’emploi, c’est protéger, en d’autres termes, le salaire à prix courant fixé par les conventions collectives. C’est ce salaire, combiné à l’indice des prix, qui détermine le pouvoir d’achat. C’est pour cela que les administrations du travail doivent être renforcées en moyens techniques et financiers pour veiller à la protection des travailleurs contre l’injustice, et assurer une application effective des lois du travail. Elles doivent prendre en charge naturellement la politique de l’emploi et toute les stratégies retenues pour la protection sociale afin d’avoir une cohérence d’actions. La mission de prévention des conflits, le conseil et le suivi des diverses recommandations du dialogue social par les inspecteurs du travail, contribuent qualitativement à protéger le travail pour assurer le pouvoir d’achat aux travailleurs.

Nos Etats doivent éviter de créer des circonstances qui entraînent une stagflation, c’est-à-dire une situation de forte inflation avec un taux d’emplois faible dans une croissance nulle. Egalement, faire attention au surendettement. Il urge aujourd’hui de promouvoir la politique du travail décent et lutter contre le chômage. Selon l’Organisation internationale du travail, le travail décent regroupe : «Accès à un travail productif et convenablement rémunéré -La sécurité sur le lieu du travail- Protection sociale sur les familles- Meilleures perspectives de développement personnel et d’insertion sociale- La liberté d’exprimer ses revendications- de s’organiser et de participer aux décisions qui affectent leur vie- Egalité des chances et traitement pour tous, hommes et femmes.»

Il est aussi important de tenir en compte le commerce transfrontalier informel et développer simultanément l’économie sociale et solidaire pour la création d’emplois et de richesse. Les filières agricoles, la pêche et l’élevage peuvent être générateurs de beaucoup d’emplois dans les communes agricoles par la technique de l’économie solidaire.

Alpha YOUM
Spécialiste de Gestion publique et Droit social