Cette année, l’Afrique du Nord est très bien représentée à Cannes. Parmi les films sélectionnés dans la catégorie «Un certain regard», celui de l’Algérienne Mounia Meddour. «Papicha» dépeint de belles et rebelles Algériennes durant la «décennie noire».

L’Algérie des années 90, qui traversait à l’époque une période dite «la décennie noire», marquée par l’apparition d’un radicalisme religieux, est le théâtre choisi par la réalisatrice Mounia Meddour pour dresser le portrait de jeunes filles «libres», symbole d’une «résistance». Ce long métrage fiction, en compétition dans la catégorie Un certain regard au 72e Festival international de cinéma de Cannes (du 14 au 25 mai), met en exergue le refus des femmes algériennes, incarné par Nedjma (Lyna Khoudri), une étudiante qui aspire à devenir styliste. Nedjma et ses amies, dont Wassila (Shirine Boutella), vivent dans un campus universitaire où elles veulent mener une vie normale de jeunes filles partagées entre les études et les loisirs, comme aller, mais en cachette, en boîte de nuit. C’était sans compter avec la montée d’un radicalisme naissant avec d’autres femmes qui sèment la terreur dans le campus, imposent le voile intégral aux filles en inondant d’affiches l’espace universitaire et s’opposent à ce que l’on enseigne dans une autre langue que la leur. C’est dans cette ambiance de peur et de tiraillement «qui ne vous lâche pas jusqu’à la fin» que Nedjma et sa bande décident d’affronter les interdits après l’assassinat de sa sœur Linda (Meryem Medjkane), en organisant un défilé de mode contre vents et marées, avec des tenues confectionnées avec le haïk, l’étoffe traditionnelle du pays.
Dans Papicha (désignant les jeunes filles d’Alger), un film de plus d’une heure (1h 46), la réalisatrice Mounia Meddour magnifie le refus des Algériennes bafouées dans leur dignité et refusant de se soumettre à des lois dictées au nom de la religion musulmane. Mais elle peint aussi l’attitude des hommes, artisans de cette violence physique et verbale, envers les femmes dont certains préfèrent s’en aller ailleurs pour fuir cette situation plutôt que de faire face à l’image des femmes. Cette période «sombre» de l’Algérie, qui a marqué des cinéastes comme Yasmine Chouikh avec son film Jusqu’à la fin des temps, continue encore d’inspirer d’autres dont Mounia Meddour qui relate un peu son histoire personnelle. Ce premier long métrage fiction de la réalisatrice algérienne concourt avec 17 films dans la sélection Un certain regard sur la Croisette, à Cannes.
Aps