Soixante ans d’existence pour la Grande Mosquée de Dakar. C’est ce que Marocains et Sénégalais ont commencé à commémorer depuis hier. Non sans manquer de magnifier les relations spirituelles séculaires entre les deux pays.

Magnifiant le rôle joué par la Fondation Mohammed VI des oulémas africains, le Grand Serigne de Dakar, Abdoulaye Makhtar Diop, s’adressant au Secrétaire général de cette structure, Sidi Mohammed Rifki, dira : «Votre fondation prouve par la commémoration qui nous réunit ce jour, son attachement à réhabiliter, à conserver, à restaurer… le patrimoine matériel financé par le Palais royal.»
Abdoulaye Makhtar Diop, dans un discours plein de rappel de faits historiques renvoyant à l’inauguration, le vendredi 27 mars 1964, par feu le Roi Hassan II et le Président Léopold Sédar Senghor, n’a pas manqué de faire un plaidoyer fort pour le haut lieu de culte de la capitale à propos d’enseignement religieux auprès de la Fondation Mohammed VI. Il soutient ainsi : «La Grande Mosquée de Dakar souhaite être le point d’application de segments importants de vos programmes de développement de l’enseignement arabe et de l’enseignement religieux. Sur le modèle de medersas ou de daaras modernes, nous pouvons, en parfaite intelligence avec vos oulémas, ouvrir des centres de formation dans différentes spécialisations pour aller vers l’excellence.»
«De l’initiation au Coran à l’école doctorale, en passant par toutes les étapes et tous les niveaux d’enseignement, vous avez les moyens, tous les moyens de définir des curricula pour faire de Dakar un pôle de référence au Sud du Sahara», fait comprendre le chef supérieur de la collectivité léboue.

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Poursuivant son propos, le Grand Serigne de Dakar suggère : «Et au moment où l’Etat du Sénégal cherche une voie pour l’équivalence des diplômes arabes et l’insertion de ceux qui en sont titulaires, la Fondation Mohamed VI et la Grande Mosquée de Dakar, considérée comme un centre de formation et non comme un simple lieu de culte, devraient contribuer à l’élaboration de propositions aux ministres concernés et à la Direction des affaires religieuses de la présidence de la République.»

«Nous devons avoir l’ambition de donner une nouvelle dimension aux relations multiséculaires et multisectorielles entre le Maroc et le Sénégal.»
Le chef supérieur de la collectivité léboue milite aussi pour la mise en place d’un pendant religieux de la Zlecaf. Celui-ci, à ses yeux, «doit trouver son pendant religieux à l’échelle des pays musulmans du continent. Sa Majesté, nous en sommes sûrs, en a le génie, tant pour la création que pour le baptême».

Rendant hommage à feu le Roi Hassan II et au regretté Président Léopold Sédar Senghor, le Secrétaire général de la Fondation Mohammed Vi des oulémas africains parle d’une «histoire commune» aux deux pays frères, qui sera «toujours un atout de renforcement de l’identité de l’homme».

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Sidi Mohammed Rifki, évoquant la Grande Mosquée de Dakar, informe qu’elle «a été conçue selon les architectures ancestrales marocaines». «Une architecture plus que millénaire, symbole de l’amitié historique sénégalo-marocaine. Visible de loin grâce à son minaret culminant à 67 m, la mosquée est richement décorée tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, et fait partie du patrimoine culturel de Dakar.»

M. Rifki rappelle la poursuite de la «coopération spirituelle» avec la signature, en octobre 2023, d’une convention cadre entre sa fondation et la Grande Mosquée de Dakar portant sur la gestion et l’aménagement du lieu de culte de la capitale sénégalaise. Une démarche visant à faire bénéficier à la Grande Mosquée de Dakar «de l’expertise marocaine en matière de gestion des mosquées et de planification des imams».

Abdourahmane Ndiaye, représentant du ministre de l’Intérieur, après un discours de l’ambassadeur du Maroc au Sénégal, lu en arabe, a fait mention d’un «nouveau souffle dans les rapports entre les deux pays».
Par Mamadou T. DIATTA – mdiatta@lequotidien.sn