Le câble électrique sous-marin de 10 Mw, reliant Gorée à Dakar, a été inauguré hier par la Senelec et le maire de cette île. D’un coût d’1 milliard 300 millions de francs Cfa, l’installation va sortir l’archipel de l’obscurité.

Désormais, une nouvelle ère, celle des lumières, souffle sur l’île historique de Gorée. Un câble électrique sous-marin long de 2 km 700, reliant l’archipel au continent et protégé pour éviter les agressions, a été inauguré hier par le directeur général de la Société nationale d’électricité du Sénégal, Mouhamadou Makhtar Cissé, et l’édile de cette ville, Augustin Senghor. Cet équipement d’un coût d’1 milliard 300 millions de francs Cfa a été réalisé sur cinq mois par la société Eiffage Sénégal. Avec une capacité de 10 Mw, l’installation va ainsi sortir l’île de l’obscurité puisqu’elle fournit le double de la consommation actuelle et des besoins de ses habitants qui s’élèvent à 5 Mw. Le nouveau cordon électrique remplace le vétuste câble de l’île, installé depuis l’époque coloniale, et qui s’est rompu le 12 novembre 2014, sous l’effet des vagues, plongeant pendant une dizaine d’années l’île dans des difficultés pour s’alimenter en électricité. Depuis cette date, souffle-t-on, l’île a été pourvue de deux groupes électrogènes qui l’alimentaient. Avec ce câble de nouvelle génération et les installations converties au système de prépaiement Woyafal qui permet aux insulaires de gérer leurs consommations et d’économiser sur leurs factures d’électricité, «Gorée sort de l’ombre et émerge de son immersion», dira son édile, le sourire aux lèvres. Augustin Senghor a en outre salué la mise en place de ce système Woyafal par la Senelec qui a fait de sa commune une ville pilote avec un abonnement de 90% de sa population.
La Senelec ne recherche pas de la rentabilité à travers cet investissement, mais plutôt à maintenir l’équilibre de la société et à rester sur un bénéfice social. «Le câble a coûté à Senelec 1 milliard 300 millions. Si vous le comparez au chiffre d’affaires que Senelec récolte dans l’île de Gorée, il faut un siècle pour amortir ce câble», a expliqué M. Cissé. Au-delà d’une rentabilité financière, l’investissement de Senelec recherche, selon son Dg, un bénéfice social dans cette île mémoire, symbole et patrimoine mondial, visité par les plus hautes autorités du monde. «A ce titre, elle mérite d’être servie plus que toute autre partie du pays», justifie le patron de la Société d’électricité.
Il est par ailleurs revenu sur le concept «Gorée île verte», lancé par sa société. Il s’agit à terme de se passer du câble et d’utiliser de l’énergie éolienne et solaire sur l’île. «On en a parlé avec le maire, mais Gorée étant un site protégé, c’est l’aspect architectural qui est le plus délicat. Si les études en cours sont concluantes, nous allons basculer Gorée sur le solaire et l’éolienne, plus conforme à l’environnement pour en faire carrément une île verte, patrimoine mondial de l’humanité. Le câble serait dès lors un secours», assure Makh­tar Cissé.
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