A la veille des élections législatives du trente juillet 2017, «gardons-nous de perdre l’héritage que nous ont laissé les pères fondateurs, car un trésor est caché dedans». Ce trésor, c’est à la fois, la paix, la stabilité, la démocratie, l’exercice des libertés et le rayonnement politique, diplomatique, militaire, entre autres, de notre pays.
En effet, sous la direction d’hommes politiques d’exception que furent les présidents Lamine Guèye, Léopold Sédar Senghor puis Abdou Diouf, le Parti socialiste a eu le mérite de faire du Sénégal une exception politique en Afrique, en expérimentant, sans discontinuer, le multipartisme, dans un système démocratique, où le respect des libertés publiques, individuelles, collectives et celles de la presse est garanti. Le génie de ces leaders visionnaires et la posture républicaine de nos élites civiles, militaires et religieuses ont fait leur œuvre et hissé le Sénégal au rang de «modèle», j’allais dire de vitrine démocratique de l’A­frique, ou encore d’oasis démocratique, dans un désert d’autoritarisme, pour parler comme certains  observateurs.
C’est ainsi que depuis son accession à la souveraineté internationale et après l’éclatement de la Fédération du Mali en 1960, le Sénégal organise régulièrement des élections présidentielles,  locales et législatives. Avec un parti unique de fait ou unifié dénommé Ups, le Sénégal a évolué vers le multipartisme intégral, aussitôt après l’arrivée au pouvoir du Président Abdou Diouf, en passant par la formule des quatre courants de pensée, théorisée et mise en œuvre par le Président Léopold Sédar Sen­ghor.
Auparavant, l’activité politique sénégalaise s’était polarisée autour des quatre courants de pensée représentés par des partis reconnus légalement et qui étaient respectivement : le socialisme représenté par le Ps,  le libéralisme représenté par le Pds, le communisme représenté par le Pai de M. Majmouth Diop et le courant conservateur représenté par Mrs de Maître Bou­bacar Guèye. La ligne de démarcation était si visible qu’elle ne permettait aucun lien organique entre ces courants de pensée.
Ces doctrines et idéologies gouvernaient les partis et s’exprimaient à l’époque à travers des débats riches et intenses qui fixaient le Sénégal entier devant le petit écran de télévision. L’un des plus populaires de ces débats avait d’ailleurs opposé le président Moustapha Niasse du Parti socialiste, le Ps, à  M. Majmouth Diop du Parti africain de l’indépendance, le Pai. Sur le même registre, qui ne se souvient pas des débats au Club nation et développement, des fameuses contributions de Bara Diouf et Babacar Sine, dans les colonnes du journal Le Soleil, que ce dernier intitulait : «Bara, tu permets.»
Auparavant, avec la bénédiction du Président Léopold Sédar Senghor, Maître Abdoulaye Wade, un transfuge du parti socialiste, créa le Parti démocratique sénégalais, Pds, conçu com­me un parti de contribution, d’obédience libérale. Les Sénégalais découvriront très tôt que de parti de contribution, le Pds, s’est progressivement mué en parti d’opposition farouche, adossé à la ruse et plus tard, à la violence. Le débat d’idées n’a pas duré. Le dolorisme, c’est-à-dire une complaisance à la douleur, s’était imposé à toute l’opposition. Finalement, pour être un opposant crédible, présidentiable, il fallait braver le gaz lacrymogène, brandir un trophée, un haut fait d’armes acquis face aux Forces de l’ordre, en brûlant des pneus et des bus, en cassant les cabines téléphoniques, en rappelant sans cesse et avec fierté un  brillant séjour carcéral. Des agents de la police ainsi qu’un magistrat de haut rang furent assassinés. Le Sénégalais, d’abord terrorisés,  finirent par s’habituer à la terreur et à la violence instaurées en règle de conduite par les leaders de l’opposition bien amenés par leur chef. L’alternance ou la mort, disaient les doloristes excités et sourds, devant le chanteur Souleymane Faye qui avertissait dans un de ses fameux tubes : «Teeylou leen, buguma ngueen ganu.»
Plus tard, à la veille des élections de 2000,  Me Wade a su faire rêver les Sénégalais en leur promettant le paradis sur terre. Le kilo de riz devrait coûter cinquante francs par exemple. Il a rassemblé autour de sa personne libérale les marxistes léninistes de tous bords, des dissidents du Ps, des aventuriers politiques, des segments de la presse, de la Société civile. C’est ainsi que Le Front pour l’alternance «Fal» l’a porté au pouvoir.
En prenant les rênes du Parti socialiste en mars 2000, au lendemain de la première alternance, le Président Ousmane Tanor Dieng savait qu’il devait accomplir une mission à la dimension de celle de ses prédécesseurs : tracer la voie et donner l’exemple de l’opposant modèle dans un état démocratique normal.
Le concept «d’opposition républicaine», énoncé par le nouveau leader Parti socialiste, a  subi quelques sarcasmes avant de s’imposer comme ligne de conduite face à la démarche aventuriste de Maître Wade et ses alliés.
«Je ne l’ai (Ousmane Tanor Dieng) jamais entendu s’écarter de la voie républicaine», dixit Maître Wade, Président de la République, à l’occasion des funérailles de sa bru.
Le Parti socialiste dans l’opposition, est resté droit dans ses bottes dans le sillage de son leader qui, douze années durant, a démontré au Sénégal, à l’Afrique et au monde entier, la noblesse de l’action politique, quand celle-ci est menée par des responsables dignes de ce nom.
Le parti réunit régulièrement ses instances et donne son opinion, souvent très attendue, sur l’actualité nationale et internationale. Il participe aux consultations électorales et en accepte les résultats. Il prône le respect des institutions, s’oppose par des moyens légaux, à l’ensauvagement de sa jeunesse, consulte sa base et respecte ses engagements à tout prix, démasque et neutralise le cheval de de Troie qui gangrène ses troupes.
C’est que Tanor est l’autre face d’une même pièce qu’il constitue avec Senghor dont il a suivi les traces, au lendemain de l’alternance, pour rebâtir le Parti socialiste, affaibli par une vague de transhumances sans précédent et un débauchage systématique de ses militants et responsables, par le régime de Wade. Il a fait l’histoire à rebours, comme disait feu le Professeur Assane Seck.
Les partis et coalitions en compétition doivent en prendre la graine et permettre aux Séné­galais de traverser les périodes d’élection dans la sérénité.
Si le Parti socialiste, sous la conduite de cet homme d’Etat, une fois dans l’opposition, s’était donné les moyens de suivre l’exemple de ses adversaires, je doute fort que le Sénégal aurait la latitude de respecter des échéances électorales avec le calme que nous connaissons.
Je m’incline devant la mémoire des victimes des événements survenus au stade Demba Diop et souhaite un prompt rétablissement aux blessés.

Ibra FALL – Secrétaire général 22ème coordination B
Chargé de la communication de l’Union départementale Ps de Pikine