Pour lutter contre la migration clandestine, la Coopération italienne fait une campagne de sensibilisation à travers le cinéma pour convaincre les jeunes et leurs parents à renoncer à ce projet.

Pays d’accueil de la plupart des migrants, l’Italie essaie de trouver une solution pour protéger ses frontières. En collaboration avec l’Organisation mondiale pour les migrations (Oim), la Coopération italienne, qui lutte depuis 2015 contre ce phénomène, a fait hier le bilan de cette sensibilisation. Cette campagne a été faite à travers la projection de deux films parlant des dangers liés à la traversée du désert et de la Méditerranée et des opportunités qui existent sur leur pays d’origine. En attendant d’élargir en 2018 la même stratégie dans six pays africains, à savoir le Nigeria, le Soudan, le Niger, le Mali, la Côte d’Ivoire et la Gambie, la caravane a sillonné une quarantaine de villages dans 5 régions du pays (Kolda, Kaolack, Tambacounda, Sédhiou et Dakar) supposés être des pourvoyeurs de candidats à l’émigration. Cette caravane, qui consiste à sensibiliser les populations sur les méfaits de l’émigration à travers des films, est tirée, selon l’ambassadeur d’Italie à Dakar, Francesco Paolo Venier, de l’expérience du Mozambique. L’objectif de cette initiative, qui se sert du cinéma comme moyen d’expression, a touché au Sénégal plus de 10 mille personnes et vise dans les 6 pays africains plus de 200 villages. «C’est une occasion de prise de conscience à travers les moyens culturels qui permettent de réaliser des initiatives en vue de préserver le capital humain», a expliqué Francesco Paolo Venier. Selon lui, il y a une possibilité pour les candidats à l’émigration de renoncer à l’aventure après avoir vu ces films composés d’histoires et de témoignages-vidéos poignants racontés par les migrants eux-mêmes. Le témoignage du journaliste Mbagnick Ngom, qui a accompagné la caravane, montre que la sensibilisation porte ses fruits : «Le responsable du Conseil de la jeunesse de Fafakourou m’a informé qu’après notre passage dans ce village, des parents ont appelé leurs enfants pour leur demander de revenir parce que l’aventure est périlleuse. C’est ainsi que 5 jeunes sont revenus au village, dissuadés par leurs familles.» Francesco Paolo salue ainsi la baisse du flux migratoire vers son pays. En revanche, il est conscient que l’émigration «est un phénomène qu’on ne peut pas arrêter du jour au lendemain». «Il faut le faire de façon holistique, mais cela demande aussi l’effort de tous pour venir à bout de ce problème», dit-il. Richard Danziger, représentant de l’Oim, renchérit : «Il y a un projet de développement, de création d’emplois qui cible les régions de départ, mais ce n’est pas la pauvreté qui pousse les jeunes à l’émigration. Ce sont les parents qui poussent leurs enfants à aller à l’aventure. En Guinée, des familles polygames font la concurrence pour envoyer leurs enfants à l’émigration.» Hugues Dias, directeur de la Cinématographie, qui porte un intérêt particulier à ce programme, salue l’initiative de la Coopération italienne qui vise à faire réagir les gens à travers le cinéma. «L’effet ne sera pas immédiat. Ce n’est pas de la distraction, mais de l’information et de la sensibilisation qui permettent de revoir les aspirations», dit-il.
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