C’est une visite qui va être particulièrement observée par les Occidentaux. Le ministre des Affaires étrangères de la Russie, Sergueï Lavrov, va effectuer une visite dans le continent africain. Le chef de la diplomatie russe va, du 24 au 28 juillet, séjourner dans un premier temps en Egypte, ensuite il fera cap sur l’Ouganda, l’Ethiopie et va clôturer sa visite en République du Congo.Par Malick GAYE

– La solution russe aux problèmes de l’Afrique. C’est dans cette logique que le chef de la diplomatie russe veut s’inscrire en se rendant dans le continent. Si pour l’heure, l’Agence de presse russe n’a pas donné de détails sur les contours de cette visite, il est certain que la géopolitique sera au cœur des échanges entre diplomates. Dans la capitale égyptienne, M. Lavrov rencontrera Ahmed Aboul Gheit, Secrétaire général de la Ligue arabe, ainsi que les représentants des 22 Etats membres. Il s’adressera dimanche à la Ligue arabe, au Caire.
Lors du sommet de mardi à Téhéran, le Président russe, Vladimir Poutine, et ses homologues turc, Recep Tayyip Erdogan, et iranien, Ebrahim Raïssi, avaient notamment évoqué le conflit en Syrie -dont le retour à la Ligue arabe divise ses membres- et la guerre en Ukraine, qui fait planer le spectre de la faim sur plusieurs pays arabes.
Dépendantes des céréales ou des armes russes, la plupart des capitales arabes n’ont jusqu’ici pas pris position sur le conflit en Ukraine, soucieuses de ménager Moscou sans toutefois se mettre à dos les Etats-Unis, qui ont pris fait et cause pour Kiev.
L’arrivée de M. Lavrov au Caire intervient par ailleurs plus d’une semaine après la première tournée du Président américain, Joe Biden, au Moyen-Orient, où il s’est rendu en Israël, dans les Territoires palestiniens et en Arabie saoudite pour participer à un sommet réunissant les six membres du Conseil de coopération du Golfe (Arabie saoudite, Emirats arabes unis, Qatar, Oman, Koweït, Bahreïn), ainsi que l’Egypte, la Jordanie et l’Irak. Plusieurs pays arabes sunnites partagent une animosité envers l’Iran chiite, ennemi numéro un de Washington dans la région.
Jeudi, lors de son déplacement en Israël, Joe Biden a signé avec le Premier ministre israélien, Yaïr Lapid, un pacte de sécurité engageant les Etats-Unis à ne jamais permettre à l’Iran d’acquérir l’arme nucléaire. Et samedi, à Jeddah, M. Biden a affirmé, devant plusieurs dirigeants arabes, que Washington ne laisserait pas «un vide que pourraient remplir la Chine, la Russie ou l’Iran». Téhéran a aussitôt accusé Washington d’attiser les tensions régionales.
Si la géopolitique aura son pesant d’or dans cette visite africaine, l’économie aussi y sera un leitmotiv. En effet, l’Egypte cherche à augmenter la part de sa capacité de production d’électricité provenant de sources renouvelables à 40% d’ici 2030 et à 42% d’ici 2035.
La société Rosatom, contrôlée par l’Etat russe, a commencé la construction de la première centrale nucléaire d’Egypte, selon une déclaration conjointe de la société et des autorités égyptiennes. La centrale d’El-Dabaa est la première d’Egypte et devrait comporter quatre unités, chacune ayant une capacité de production de 1200 Mw, selon le communiqué publié par l’autorité nucléaire égyptienne mercredi soir. Le ministre égyptien de l’Energie, Mohamed Shaker, a déclaré que la coulée du béton pour la première unité marquait un «événement historique» pour l’Egypte, rendu possible par la coopération égypto-russe.
L’Egypte envisage de construire une centrale nucléaire à El-Dabaa depuis les années 1980. Les contrats pour la centrale sont entrés en vigueur en 2017, mais le début de la construction a été retardé de plusieurs années.
Rosatom a reçu l’approbation du régulateur égyptien pour commencer la construction de la première unité le mois dernier.
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