A Ndiongop Ndiaye, localité située dans la commune de Ndank Sène, à quelque 20 Kilomètres de la ville de Diourbel, les habitants ne dorment plus à poings fermés à cause d’une série d’incendies, qui ont consumé la plupart de leurs habitations.
Les populations du village de Ndiongop Ndiaye, situé à un peu moins d’une vingtaine de kilomètres de la ville de Diourbel, sont dans la tourmente à cause de nombreux incendies dévastateurs. Niché au cœur du Baol, Ndiongop est juste à côté mais il n’est pas accessible. Il faut emprunter la corniche, située à l’entrée de la commune de Ndoulo, jusqu’au tunnel de l’autoroute Ila Touba à hauteur Ndank Sène pour ensuite prendre une autre piste latéritique jusqu’au village de Bèye Waukane et enfin celle qui mène à Ndiongop Ndiaye. Il est presque 18h. Les vieux de la localité, chapelets à la main, sont regroupés au centre du village appelé «Pecc mi», pour essayer de conjurer le mauvais sort, qui s’abat sur eux depuis plusieurs mois.
En cette après-midi ensoleillée, les habitants affichent des mines désespérées, en observant ce décor sinistre, qui leur rappelle leur cauchemar presque quotidien depuis 3 ans. «Nous sommes très fatigués. Nous avons vraiment besoin d’aide», relatent-ils. «Ces séries d’incendie ont démarré depuis 2016 mais leur récurrence a commencé lors du dernier mois de ramadan. Le dernier qui a complètement calciné cette case date d’aujourd’hui (mardi 9 juillet 2019). Juste avant votre arrivée vers 17 heures, une case a été ravagée chez Baye Ndiaye. On n’ose même pas s’approcher des flammes parce qu’elles attirent les gens comme une sorte d’aimant», fait savoir le porte-parole des habitants du village. Selon lui, les populations sont ainsi désarmées face au feu. «Les flammes s’intensifient lorsqu’on se met à crier», précisent les femmes assises en face de la dernière case complètement brûlée. Selon elles, «il y avait une vieille dame qui dormait dans la chambre. Elle a été sauvée par les enfants. Actuellement, elle est sous le choc».
Sur place, les stigmates suffisent pour expliquer l’intensité des incendies : Il y a pêle-mêle des cases complétements calcinées, des maisons ravagées et abandonnées par leurs propriétaires, qui sont allés chercher du réconfort ailleurs. En plus, Souka Diop, porte-parole des populations, informe qu’un «bébé âgé de 18 mois a péri dans les flammes en 2017». Résignés, les villageois évoquent la part d’irrationalité dans ce qui se passe. M. Diop insiste : «C’est un phénomène dont on ne connait pas les causes. Dernièrement, il y a eu huit concessions qui ont été brûlées ainsi que 13 chambres et 32 cases. Cette situation perdure depuis un certain temps et les populations sont dans un choc total. Cela brûle d’une maison à une autre et on ne connait pas les causes. D’habitude les incendies se déclarent entre 10h et 18h. On n’arrive pas à maitriser le feu parce que c’est vraiment surprenant.» Souka Diop a aussi signalé qu’ils s’étaient «cotisés pour faire venir des charlatans mais la situation n’a pas trop changé. La plupart d’entre eux nous disent que c’est de la sorcellerie», a-t-il martelé.
A en croire M. Diop, la principale activité des habitants de ce village est d’éteindre du feu à longueur de journées. «On a installé un comité de veille. Chaque chef de famille se met devant sa porte avec des seaux et des bassines d’eau. Chacun fait la veille devant sa maison. On ne peut plus dormir pace que le feu peut se déclarer à tout moment», détaille-t-il. Selon lui, la gendarmerie a déjà fait un rapport sur la situation sans «suite». «Jusqu’à présent, aucune autorité n’est venue pour nous prêter main forte. Les populations ont tout perdu. Leurs semences, leurs biens matériels, il y a même des moutons et des chèvres qui ont été emportés par le feu. Nous sommes sans assistance à part le soutien des voisins qui n’ont pas assez de moyens», précise M. Diop. Par conséquent, les populations invitent «les autorités étatiques et locales à venir sauver à Ndiongop Ndiaye». Lui emboîtant le pas, Mme Assane Ndiaye partage ses peurs : «On a peur d’entrer dans les chambres la nuit. Nous avons vraiment besoin d’aide. On est à bout», a-t-elle dit.