«Thiey Adji Sarr» est une série télévisée dont la bande annonce a suscité l’indignation des associations de défense contre les violences faites aux femmes. Le Collectif «Dafa Doy» a adressé une lettre ouverte au Conseil national de régulation de l’audiovisuel (Cnra) pour demander la censure de la série. Le collectif compte aussi adresser la même correspondance à Walf Tv pour lui demander de surseoir à la diffusion de la série rebaptisée «Baline Coumba Baline».Par Mame Woury THIOUBOU

– La bande annonce de la série «Thiey Adji Sarr», qui a été diffusée sur les réseaux sociaux, a suffi pour susciter l’indignation du Collectif Dafa Doy. Dans une lettre ouverte adressée au Conseil national de régulation de l’audiovisuel, (Cnra), le collectif demande purement et simplement «la censure de cette série et son interdiction de diffusion». Dans la bande annonce de Kemane Vision, société qui produit cette série, le personnage principal porte le nom de Adji et se livre à toutes sortes de roublardises aux dépends des hommes. Selon la vice coordonnatrice du collectif, Fatou Warkha Samb, «un tel titre, dans ce contexte particulier, fait automatiquement référence à la jeune fille du nom de Adji Sarr qui a porté plainte contre M. Ousmane Sonko, leader du parti Pastef, pour viols et menaces de mort». La bande annonce de cette nouvelle série a d’ailleurs été abondamment commentée sur les réseaux sociaux. Elle a ainsi suscité beaucoup d’indignation. Et face au tollé, les producteurs ont vite fait de changer le titre initial en effaçant le nom de Adji Sarr. «Baline Coumba Baline qui signifierait (faiseur de troubles)», le nouveau titre est aussi dénoncé par le collectif Dafa Doy qui souligne que le contenu de la série reste inchangé. «Ils ont changé le titre pour transformer Adji Sarr en une personne roublarde, menteuse et adepte des mauvais coups», dénonce Fatou Warkha Samb. En début de semaine, l’avocat de Adji Sarr, Me El Hadji Diouf avait annoncé une plainte contre les producteurs de la série.
Adji Sarr est cette jeune femme au cœur d’une affaire présumée de viol impliquant le leader de Pastef. «Cette histoire de viol avait mis le pays dans une situation d’instabilité sans précédent avec des violences ayant entraîné des pertes en vies humaines, des saccages de biens publics et privés, des emprisonnements, des cito­yens insultés, intimidés et menacés de mort», rappelle le collectif dans la lettre qu’elle a adressée au président du Cnra. Selon ces activistes de la cause féminine, «au-delà des traumatismes et de la peur, elle (Adji Sarr) a été jetée à la vindicte populaire et son image a été ternie à travers des insultes, menaces et autres discriminations à son égard». Aujourd’hui, l’affaire étant encore pendante devant la justice, la diffusion de cette série ne ferait que renforcer la stigmatisation à l’endroit de Adji Sarr, mais aussi un sentiment de présomption de culpabilité de la présumée victime, alerte Dafa Doy. «Nous allons aussi écrire à Walf Tv pour leur demander de surseoir à la diffusion de ce contenu qui non seulement contribue à pervertir la jeunesse mais constitue aussi une atteinte aux droits de Adji Sarr», annonce Fatou Warkha Samb.
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