Par Ousmane SOW – Le passage des projets de loi modifiant le Code pénal et le Code de procédure pénale a ravivé la tension entre pouvoir et opposition. Et Serigne Modou Kara Mbacké en est inquiet. «Notre pays, le Sénégal, est à la croisée des chemins. Les événements de début mars ont catalysé une violence inouïe et plongé notre pays dans un cycle infernal de morts et de destruction de biens publics et privés, nationaux et étrangers. Le bilan est lourd, mais surtout le choc émotionnel provoqué par la perte de 14 jeunes à la fleur de l’âge, victimes innocentes d’un combat qui n’était pas le leur», s’est désolé le leader du Parti de la vérité pour le développement (Pvd) hier, lors d’une conférence de presse à son domicile. Le président de la République avait alors estimé qu’il fallait apporter une réponse à ces émeutes qu’il explique par le chômage des jeunes. Mais le guide religieux s’interroge : «La solution se trouve-t-elle dans la recherche effrénée d’emplois pour résorber le chômage endémique de la jeunesse sénégalaise ?» S’il admet que le chef de l’Etat et son gouvernement ont «l’impératif de chercher les solutions idoines aux sérieux problèmes qui se posent», Serigne Modou Kara estime qu’il faut reconnaître que «le pouvoir spirituel a volé au secours du temporel, sauvant ainsi le Sénégal d’une crise aux conséquences incalculables». Il a, sous ce rapport, rappelé la «médiation énergique» du khalife général des Mourides, Serigne Mountakha Mbacké, qui a «stoppé net la folie destructrice, sans visage, qui s’était emparée de Dakar et d’autres capitales du pays». Toutefois, le leader du Pvd constate que le problème reste entier, car les appels à la violence continuent de plus belle. Il prône par conséquent, «après l’échec patent de toutes les idéologies importées», l’application de «la doctrine ‘’bambiste’’ (de Cheikh Ahmadou Bamba) du réalisme africain» basée sur les idéaux de «véracité, de droiture, de transparence, de tolérance et de pardon».
Stagiaire