Le Magal de Touba est devenu au fil des temps, l’un des plus grands rassemblements religieux de la sous-région où convergent des millions de personnes de toutes les couches sociales. Cette cité, où on dénombre environ 514 mosquées, a vibré pendant une semaine aux sons de khassaïdes, aux lectures de panégyriques de Serigne Touba et de versets coraniques. Au niveau de toutes les concessions des héritiers de Bamba, c’est le même décor. La demeure de Serigne Saliou Mbacké n’a pas dérogé à la règle.
Dans cette concession, qui fait plus de 500 m2, les Ndongo talibi tarbiya (talibés qui ont fait tout leur cursus scolaire à Khelcom) s’en donnent à cœur joie à la lecture du saint Coran et des khassaïdes. Pour eux, il s’agit de poursuivre l’œuvre de Cheikh Saliou Mbacké. Serigne Cheikhouna Diène, plus connu sous le nom de Cheikhouna Serigne Saliou, homme de confiance du regretté guide spirituel des mourides, revient sur la façon dont le marabout célébrait cet évènement. A ce propos, il confie : «Il avait dit lorsqu’il est devenu khalife : «Confiez-moi les jeunes pour que je leur inculque le savoir.» Il avait amené dans ses daaras, 313 personnes pour qu’ils enseignent les talibés. Ils pouvaient faire là-bas tout leur cursus scolaire. Et c’était du 1er jour du mois de Safar jusqu’après le Magal. Il immolait des bœufs, tuait des moutons, des poulets et donnait à manger à toutes les populations qui habitent Touba et ses alentours.» Selon M. Diéne, il en faisait de même pour «les étrangers qui venaient du Mali, de la Guinée, de la Gambie, bref de la sous-région». «Il les hébergeait dans sa maison et leur donner à manger. Ils restaient chez lui 15 jours après le Magal et il leur remettait au moment de leur retour leurs billets et de l’argent de poche. Il aimait dire que le Magal s’il ne ressemble pas à du gaspillage, ce n’est pas du Magal. Il faisait tuer des centaines de chameaux, de bœufs, de moutons pour mettre les pèlerins dans de bonnes conditions», a-t-il dit. Et M. Diène d’ajouter : «Aux habitants de Touba, le guide religieux leur disait de quitter leurs demeures le temps du Magal pour loger les hôtes. Il leur disait, si vous le faites, votre Magal est exaucé.» Quid du jour de cet événement religieux ? A en croire Cheikhouna Diène, «le marabout faisait dresser une tente à l’ouest de sa maison et les talibés étaient repartis en kurel (groupes)». D’après lui, «il y avait toutes sortes de commodités, histoire de mettre à l’aise les personnes qui venaient là-bas». «Certains lisaient le Coran de jour comme de nuit. D’autres étudiaient les khassaïdes et faisaient des dourous (récital de Coran). Il y a aussi certains qui, avec leurs chapelets, veillaient jusqu’au jour du Magal. La tente était parfumée par des personnes préposées à cette tâche. C’était le même décor dans sa maison», a-t-il expliqué. Interpellé sur cette célébration après le rappel à Dieu de Serigne Saliou Mbacké, Serigne Chei­khou­na Diène soutient que «la mission se poursuit comme il le faisait». «Ses héritiers préservent jalousement son legs», dit-il.