Seydi Gassama sur la démission du capitaine Dièye : «Dangereux de garder des hommes qui ne s’identifient plus à leur corps»
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L’Etat ne doit pas s’opposer au départ des hommes désireux de quitter leur corps de métier, dès l’instant que ceux-ci ne se sont plus motivés à y rester. Tel est l’avis défendu par Seydi Gassama, président d’Amnesty international/Sénégal, qui analyse le départ du magistrat Ibrahima Dème et la lettre de démission de l’Armée du capitaine Mamadou Dièye.
Seydi Gassama a sa petite idée sur l’affaire du capitaine Mamadou Dièye qui continue de susciter des réactions. Le président de la section sénégalaise d’Amnesty international est d’avis qu’il s’agit d’une «démission normale». Poussant sa réflexion en l’élargissant à la dernière démission en date dans la Magistrature – celle du magistrat Ibrahima Dème – Seydi Gassama dira au micro de Sud Fm : «Les gens qui sont dans ces corps (Armée, Magistrature) sont des êtres humains. Ce sont des hommes et des femmes qui, à un moment donné, décident d’embrasser une carrière et qui, à un autre moment de leur vie, pensent qu’ils ne peuvent plus continuer à travailler dans ces corps. Et donc, ils doivent avoir le droit et la liberté de partir. C’est cela les droits de l’Homme.» Le défenseur des droits humains juge même dangereux de garder des hommes démotivés et désireux de partir dans leur corps de métier ; d’où sa conviction : «On ne peut pas obliger quelqu’un à rester dans un corps auquel il ne veut plus appartenir. Donc que ce soit pour les magistrats ou les militaires, les policiers ou les gendarmes, lorsque quelqu’un ne veut plus continuer à travailler dans son corps, aucune loi ne devrait pouvoir l’empêcher de partir de ce corps. C’est même très dangereux pour les corps militaires et paramilitaires de garder des personnes dans ces corps contre leur gré parce que ce sont des gens extrêmement démotivés, qui peuvent à l’intérieur saper le moral d’autres personnes.»
Aux yeux de M. Gassama, le capitaine Dièye «ne doit pas être persécuté, il faut le laisser partir parce qu’il ne veut plus rester dans l’Armée». Le président de la section sénégalaise d’Amnesty international s’inscrit aussi en faux contre une certaine opinion qui voudrait que l’acte du capitaine Dièye provoque la démoralisation dans les rangs de l’Armée. Et pour corroborer son point de vue, le «droit de l’hommiste» de convoquer l’exemple de l’ex-chef d’état-major général des Armées françaises. «Récemment en France, le chef d’état-major des Armées a démissionné de façon fracassante, après des divergences avec le président de la République. Il est allé sur toutes les télévisions pour critiquer, mais pour autant, cela n’a pas démoralisé l’Armée française», explique Seydi Gassama.
Pour une réforme du Code de justice militaire
Ce dernier réaffirme son souhait de voir réformé le Code de justice militaire du Sénégal qui «date de plusieurs décennies». «Nous appelons depuis plusieurs années à ce que le Code de justice militaire soit réformé. L’Etat traîne les pieds parce que ce Code n’est plus en conformité avec les standards internationaux en matière de droits humains», rappelle Seydi Gassama.
mdiatta@lequotidien.sn