C’est assez symptomatique de la situation politique, économique et sociale qui sévit au Sénégal depuis le 2 avril 2024, fortement marquée par une contradiction troublante et rétrograde des options du pouvoir Diomaye-Sonko. C’est pourquoi, contrairement à la coutume, je commence mon propos par une question qui fixe ou règle la contradiction assimilable à un homicide en gestation, puisqu’il peut y avoir mort d’homme dans le traitement des dossiers de Justice. Et c’est là que se situe l’incohérence humaine, et la question essentielle affleure : veut-on juger des hommes ou des morts ?

Selon L’Observateur du jeudi 28 août et de source médicale, la mort subite peut intervenir à tout moment pour le maire Farba Ngom, homme d’affaires, grand responsable de l’Apr. A la première expertise médicale sur demande du juge, on aurait dû lui accorder la liberté provisoire pour des motifs de santé. Le contraire a outré plus d’un Sénégalais épris de justice. La récente contre-expertise réalisée par trois médecins fait froid dans le dos ; Farba Ngom peut perdre la vie à tout moment. Depuis lors, rien n’est fait, concrètement, pour préserver la vie de Farba Ngom, et on n’a vraiment pas compris cette volonté de garder un homme malade en prison.

Que cherche-t-on vraiment ? Dire la Justice ou donner la mort ? Si Farba Ngom meurt, dira-t-on la Justice ! Ou préfère-t-on la dire à titre posthume ! Qu’il meurt ou qu’il vive donc, peu importe. On s’en fout !

«Mettez 4 bracelets électroniques aux pieds et aux mains de Farba Ngom, une à la tête et une autre à la ceinture, et internez-le chez lui, ou au Pavillon spécial, et sur haute surveillance de la Bip ou du Gign, s’il est aussi dangereux, même gravement malade, pour ne pas dire mourant !»

Si ce n’est pas une mort subite, ce sera une mort lente, et c’est en fait ce que les rapports médicaux nous disent en français facile, et il est déjà  trop tard. Tout silence sur ce cas précis et sur tous les autres cas, de Lat Diop, Abdou Nguer, Badara Gadiaga, Mansour Faye, j’en passe, est synonyme de lâcheté. Si Farba Ngom meurt en prison sous le regard coupable de 18 millions de compatriotes, il faudra alors comme un simple papier, déchirer ce pays en millions de morceaux et qu’on aille en enfer. A cette étape de la procédure, il ne s’agit plus de justice, de milliards volés ou non, de début ou de fin de carrière politique, ni même de Farba Ngom, mais plutôt de vie humaine simplement. Si on ne peut pas comprendre cela et agir en noble, en responsable, en humain alors, on est tous des damnés, et tout le Peuple, à commencer par Bassirou Diomaye et Sonko, sera sévèrement châtié par Celui dont le Seul Agenda Compte. La politique, ce n’est pas la guerre par tous les moyens, disait Clausewitz. La vie humaine est plus précieuse que toute autre chose, et la préserver est un devoir sacré. Qu’’est-ce qu’on gagne à faire souffrir quelqu’un que la maladie ronge déjà. De Karim Wade à Ousmane Sonko, en passant par Khalifa Sall, on a parlé (de la bouche même de ces derniers) d’hôtels 5 étoiles pour dire les bonnes conditions dans lesquelles ils étaient, en total respect de leur vie et de leur droit.
Si Farba Ngom meurt en prison, après l’expertise et la contre-expertise médicales, ce sera un crime ignoble que le prochain régime devra élucider avant toute chose. Qu’on se le tienne pour dit ! Accordez la liberté provisoire à Farba et à tous les détenus malades par respect aux droits fondamentaux de l’homme.  Où sont la Société civile qualifiée de fumiste et les deux cents frères intellectuels opportunistes et lâches ?  Ils rasent sûrement les murs…
En tout état de cause, le Peuple sénégalais vous regarde faire, déçu déjà par la posture infrahumaine et cruelle avec laquelle les libertés fondamentales sont gérées par le duo Diomaye-Sonko.

Cheikh NDIAYE
Responsable politique Apr Grand-Yoff