L’autotest constitue l’innovation majeure de la 2ème édition des journées scientifiques Sida du Conseil national de lutte contre le Sida (Cnls). Cet outil de dépistage très innovant cible les populations clés, victimes de discrimination et qui jusqu’à présent éprouvent des difficultés à se faire dépister dans les structures de santé. Le projet Atlas, qui déroule ce projet dans trois pays dont le Sénégal, entend distribuer 70 mille autotests d’ici à 3 ans dans les régions de Dakar, Ziguinchor et Thiès pour un coût global de 7,5 milliards F Cfa.
Pour le moment, ce sera un test salivaire. Une spatule que l’on tourne dans la bouche pour en extraire la salive et la déposer sur un kit. Et 20 minutes après, on dispose du résultat. Des gestes simples, qui rompent d’avec tout de dispositif médical du dépistage du Vih, la prise de sang et la présence dans les structures sanitaires, et l’attente du résultats. L’autotest est l’innovation majeure du 30ème anniversaire de la Journée mondiale du Sida en direction des populations les plus vulnérables à l’infection Vih/Sida. L’intérêt avec cet outil, c’est qu’il permet aux populations clés, souvent «victimes de discrimination» et qui n’ont pas le courage de se rendre dans les structures sanitaires, de pouvoir accéder au dépistage. Comme le test de grossesse, «la personne peut elle-même faire le test tout en restant chez elle», soutient Dr Sanata Diallo. Une vraie innovation pour l’atteinte des 90. D’ailleurs, le Conseil national de lutte contre le Sida (Cnls) l’a bien compris, en choisissant le thème «Quelles innovations pour l’atteinte des trois 90» pour la deuxième édition des journées scientifiques Sida.
Cet autotest apparaît donc comme une vraie opportunité pour le Sénégal dans l’atteinte des objectifs du premier 90 qui est de permettre à 90% des Pvvih de connaître leur statut d’ici à 2020. Ce premier 90 est d’ailleurs la porte d’entrée des deux autres 90. Notre pays peut s’en réjouir puisqu’il fait partie des trois pays choisis à côté du Mali et de la Côte d’Ivoire pour dérouler le programme Atlas qui compte introduire l’autotest. Le projet est dans sa phase préliminaire, mais déjà les responsables peuvent s’inspirer des travaux d’Enda qui est en train de finir un projet-pilote dans les régions de Dakar et Ziguinchor. Enda en est même le partenaire principal. «Nous allons construire ce projet sur les leçons apprises d’Enda», a soutenu Mme Diallo.
Faut-il le rappeler, Enda a testé l’introduction et l’acceptabilité de l’autotest dans ces régions. D’après Daouda Diouf, directeur exécutif d’Enda santé, «de bons résultats ont été notés puisque 93% des personnes à qui nous avons offert l’autotest l’ont accepté», a-t-il dit. Aussi, note-t-il, 1 700 personnes ont utilisé l’autotest et 89% parmi elles souhaitent le proposer à leurs partenaires. «C’est là que c’est intéressant», pense Sanata Diallo, chef du projet. Pour elle, les personnes clés de première ligne peuvent les conduire aux personnes clés de deuxième ligne, celles qui ne se reconnaissent pas comme étant des personnes clés. «En proposant l’autotest à cette frange de la population, nous allons toucher les autres qui se cachent et cela va nous permettre de booster le taux de dépistage», soutient Mme Diallo, car à l’image de l’Afrique de l’Ouest et du Centre, le Sénégal peine à atteindre les trois 90. Aujourd’hui, 29% des Pvvhi ne connaissent pas leur statut.
Le responsable du projet annonce ainsi que la distribution des autotests commence à partir de mars 2019. Et selon Sanata Diallo, pour le Sénégal, 70 mille tests seront distribués d’ici à trois ans et le coût est estimé pour les trois pays à 7,5 milliards de francs Cfa, y compris la recherche.
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