Les collectivités locales sont mises à contribution pour l’atteinte des trois 90 d’ici 2020. Le Cnls, à travers l’initiative «Les villes s’engagent», impliquent les 15 villes dans la réponse au Vih/Sida. La structure est consciente qu’elles peuvent faire la différence, car elles supportent le plus le fardeau de la maladie. 56% des Pvvih vivent dans les 15 localités ciblées par le Cnls.
Le Conseil national de lutte contre le Sida (Cnls), à travers l’initiative «Les villes s’engagent» contre le Vih/Sida, s’appuie désormais sur les collectivités locales pour l’accélération de l’atteinte des trois 90 d’ici 2020. Au total, 15 villes (Dakar, Guédiawaye, Pikine, Rufisque, Ziguinchor, Saint-Louis, Kaolack, Mbour, Tambacounda, Kolda, Thiès, Bignona, Bounkiling, Kaffrine et Fatick) sont ciblées dans ce programme. Durant deux jours (hier et aujourd’hui), les maires ou représentants de ces villes vont discuter de la problématique de la riposte en faisant une analyse rapide de la situation et de la réponse face au Vih. Les participants vont mettre l’accent sur la disponibilité de services Vih fonctionnels (taille de la population des personnes vivant avec le Vih/Sida, des données du dépistage, de la réalisation de la charge virale. Ils vont également identifier pour chaque ville les défis majeurs et les interventions prioritaires. Au terme de cet atelier de plaidoyer, ces villes vont élaborer un plan d’action d’accélération de la riposte au Sida pour chaque ville.
56% des Pvvih et 78% des femmes enceintes séropositives vivent dans les 15 villes citées
A ce moment de la lutte, les villes restent incontournables et sont devenues «une nouvelle dynamique partenariale», selon Safiétou Thiam, directrice exécutive du Cnls. A en croire les chiffres, ce sont les villes qui supportent le plus le fardeau de la maladie dans le monde. Au Sénégal, 56% des Pvvih et 78% des femmes enceintes séropositives vivent dans les villes suscitées ; d’où la nécessité d’agir vite et bien, selon Rose Wardini, maire de la ville de Dakar, qui salue l’implication des collectivités locales dans la formulation, la planification et l’élaboration des politiques publiques. Mais que peuvent apporter les collectivités locales dans la réponse au Vih ? Dr Safiétou Thiam est convaincue «qu’elles peuvent largement contribuer à la réponse du Vih, car celles-ci sont toujours au chevet des populations pour leur bien-être», rappelle-t-elle. Entre autres actions, le Cnls attend des maires un appui dans les initiatives locales, notamment le dépistage, le renforcement du dispositif de maintien des Pvvhi dans les soins, l’amélioration de la disponibilité, la fonctionnalité et le circuit d’acheminement de la charge virale, de l’élimination de transmission mère-enfant. Aussi de l’avis des responsables du Cnls, la plupart des maires sont des députés, ceux-ci peuvent faire le plaidoyer pour l’augmentation du budget alloué à la lutte contre la maladie. Une multitude d’actions et d’interventions qui, à l’horizon 2020, pourront éviter 1 157 nouvelles infections chez les nouveaux et 2 036 nouvelles infections, selon les estimations du Cnls. Un énorme pas franchi dans l’atteinte des trois 90.
L’initiative «Les villes s’engagent» encourage donc les maires à devenir des précurseurs et des innovateurs en matière de santé. Elle vise, estime Dr Thiam, à encourager divers acteurs et secteurs à obtenir des progrès rapides, permettant d’améliorer l’égalité sociale pour les personnes infectées par le Vih. Il s’agit, par le levier de la riposte à l’épidémie du Sida, d’offrir «aux villes une plateforme de transformation qui répond à leurs besoins en termes d’inclusion sociale, de protection, de sécurité et de santé», soutient la secrétaire exécutive du Cnls.
«Les villes s’engagent» est une initiative de l’Onusida. Elle a été lancée en 2004 et plus de 300 maires s’étaient engagés dans le monde. Au Sénégal, l’initiative a été lancée en 2016, seules 5 villes parmi les 15 avaient déroulé leur plan d’action. Il s’agira pour ces 5 villes d’évaluer leur plan d’action lors de cet atelier.
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