Le ministre des Forces armées, Me Sidiki Kaba, a donné hier sa position sur l’affaire de l’indemnisation des «Jambars», qui courent après leur argent depuis la guerre du Golfe. Selon lui, il faut rendre à l’Armée sénégalaise l’hommage qu’elle mérite en insistant sur son «professionnalisme et son engagement».

Plus de 28 ans après la guerre du Golfe durant laquelle plusieurs soldats sénégalais ont péri, les familles des victimes et des survivants réclament toujours leurs indemnisations. Une bataille portée par l’Ong Jamra, qui dénonce le détournement de cet argent. Interrogé sur cette affaire en marge de la leçon inaugurale du Centre des hautes études de défense et de sécurité (Cheds), le ministre des Forces armées tente de dégonfler la polémique d’une autre manière : «Il faut rendre à l’Armée sénégalaise l’hommage qu’elle mérite», réagit Me Sidiki Kaba, qui répondait à Jamra, qui est devenue le défenseur des Jambars. Il faut savoir que 495 soldats sénégalais avaient été envoyés en Arabie Saoudite de novembre 1990 à mars 1991 pour participer à la guerre du Golfe déclenchée à la suite de l’invasion du Koweït par Saddam Hussein. Après que l’ex-dirigeant irakien a capitulé, les militaires sénégalais avaient retenu de faire le petit pèlerinage avant de rentrer au pays. En voulant rejoindre leur base à la fin de leur séjour au niveau des Lieux saints de l’islam, leur avion a crashé : 93 personnes y ont perdu la vie et sont enterrées sur place. Depuis ce jour, ils courent après leur indemnisation. Me Kaba ne veut s’épancher trop sur l’affaire, mais préfère saluer le professionnalisme des Jambars : «Nous parlons de sécurité ici, l’Armée du Sénégal est une armée respectée à travers le monde, je pense que c’est ce qu’il faut retenir. Elle fait son travail, elle apporte à travers son professionnalisme tout ce qui est nécessaire pour la paix mondiale, pour le maintien de la sécurité à travers le monde. Cela il faudrait continuellement le saluer.»
Lors de la cérémonie d’ouverture de la 3e session du Programme de formation en sécurité nationale du Centre des hautes études de défense et de sécurité (Cheds), le ministre des Forces armées a préféré mettre l’accent sur la lutte contre l’insécurité. Il dit : «Il est désormais clair pour tous, que les réponses à apporter à ces menaces protéiformes vont bien au-delà de l’action militaire classique et requièrent une grande synergie de tous les acteurs chargés de faire face aux nombreux défis.» L’Afrique, entre défis sécuritaires et enjeux de l’émergence, thème de cette session, montre que les Etats doivent être capables de protéger leur appareil sécuritaire pour affronter les menaces, qui étouffent le Sahel. Selon le ministre des Forces armées, «le Sénégal a bien compris les enjeux autour de cette question centrale à la fois qui parle des défis de sécurité et des enjeux de l’émergence». Il dénonce «une nouvelle forme de violence entretenue, aux conséquences négatives sur le développement économique et les projets d’émergence de nos différents pays». Pis, poursuit-il, «la persistance des menaces multiformes à la paix et à la sécurité dans l’espace saharo-sahélien de l’Afrique de l’Ouest et le bassin du Lac Tchad favorise l’instabilité et contribue au ralentissement de l’activité économique et sociale en particulier dans les zones rurales».
La montée de l’extrémisme violent, de la criminalité transnationale organisée et de l’exploitation du cyberespace à des fins délictueuses en constitue, d’après lui, «une manifestation extrême à laquelle plusieurs Etats éprouvent encore de la peine à faire face efficacement».
Ainsi à ses yeux, «l’efficacité de notre réponse dépendra essentiellement de notre capacité à mettre en place et conduire une stratégie de sécurité humaine adaptée, à la fois globale et multidimensionnelle».