Dans le cadre de la célébration de la Journée mondiale de la liberté de la presse, les journalistes ont tenu un sit-in hier devant le ministère de la Culture et de la communication. Occasion pour les professionnels de l’information d’évoquer les maux qui gangrènent les rédactions.Par Ousmane SOW et Babacar GUEYE DIOP –

Au Sénégal, la Journée mondiale de la liberté de la presse 2O21 intervient dans un contexte particulier, marqué par des agressions contre les journalistes, les techniciens des médias et les maisons de presse, lors des violentes manifestations de mars dernier. Sur le parvis du ministère de la Culture et de la communication, reporters, techniciens, cameramen, habillés en t-shirt rouge pour la plupart, ont exposé les difficultés vécues dans les rédactions. Tous s’inquiètent de la multiplication des violences et agressions contre les acteurs des médias. Ibrahima Baldé, président de la Convention des jeunes reporters du Sénégal (Cjrs), qualifie d’«esclavagisme moderne» la situation de ses camarades dans les médias. «Les jeunes journalistes reporters sont nombreux à ne pas avoir de couverture maladie, ni de numéro d’Ipres», dénonce-t-il. S’ils n’étaient pas nombreux, des patrons de presse ont fait le déplacement. Mamadou Ibra Kane, Madiambal Diagne ou Maïmouna Ndour Faye ont assisté à un procès contre les employeurs qualifiés de «samba alar». «Nous leur demandons le respect des clauses minimales. Il faut mettre les journalistes dans les conditions nécessaires pour le respect de la dignité humaine parce qu’il y a des conditions minimales que vous devez nous accorder pour notre travail», interpelle le président de la Cjrs. Ibrahima Baldé invite tous les jeunes reporters à rester solidaires. Il dit : «Qu’on ne nous détourne pas de l’essentiel, car notre mission est d’exiger le respect de la convention collective et de voir quelles seront les conditions d’accès au Fonds d’appui au développement de la presse ! Ce qui s’est déjà passé, nous ne l’accepterons pas pour le Fonds d’appui pour le développement de la presse.»

Mamadou Thior : «Redonner à la presse ses lettres de noblesse»
Marguerite Rosaline Ndiaye de l’Association des femmes dans les médias a plaidé pour l’amélioration de la situation des femmes journalistes. «On se rend compte qu’il y a beaucoup de femmes dans les médias, mais il n’y a pas une représentativité surtout par rapport aux postes nominatifs.» D’après elle, il faut du leadership féminin dans les médias. «On est dans la Convention des jeunes reporters, membres du Synpics et de la Coordination des associations de presse (Cap). On ne prend pas tout le temps les choses en mains concernant les femmes et c’est la raison pour laquelle on se dit que maintenant, il faut que les femmes puissent être au-devant de la scène, s’affirmer davantage au niveau des médias et pousser les patrons de presse à les nommer», a-t-elle souligné.
Quant au président du Cored Mamadou Thior, il situe la priorité ailleurs : «Peu importe le nombre de journalistes qui sont venus répondre, l’essentiel est que nous soyons déterminés dans le combat que nous menons pour une presse respectée, parce que ces dernières années, elle a été chahutée et nous ne savons pas qui est journaliste et qui ne l’est pas et qui est technicien des médias et qui ne l’est pas.» A cet effet, M. Thior pense qu’«il y a un combat à mener pour redonner à la presse ses lettres de noblesse». Il invite les journalistes «à ne pas verser dans la division et la sé­pa­ration».
Assane Diagne, représentant en Afrique de l’Ouest de Reporters sans frontières (Rsf), réitère le soutien total de l’organisation aux actions envisagées dans le futur pour l’amélioration de la situation de la presse au Sénégal. «Les points qui vous préoccupent sont aujourd’hui au cœur de l’action de l’Ong Reporters sans frontières. La viabilité des entreprises de presse fait partie de nos préoccupations. La sécurité physique des journalistes est au cœur de notre action et nous préoccupe», a-t-il expliqué.
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