Si rien n’est fait d’ici juin, juillet, les départements de Podor, Matam, Kanel, Ranérou, Tamba et Goudiry risquent de sombrer dans une crise alimentaire, a alerté hier le Secrétariat exécutif du Conseil national de la sécurité alimentaire (Se/Cnsa), lors d’une matinée d’échanges avec la presse dans ses locaux, en présence des partenaires techniques.
La mise en œuvre du Programme d’accélération de la cadence de l’agriculture sénégalaise (Pracas) de 2014 à 2017 a permis, d’après les autorités, non seulement de «fortifier, de diversifier, mais également de bonifier l’agriculture».
Malgré tout, la situation alimentaire reste préoccupante dans certaines localités du Sénégal. D’après les dernières analyses du Secrétariat exécutif du Conseil national de sécurité alimentaire (Se/Cnsa), six départements, notamment Podor, Matam, Kanel, Ranérou, Tamba et Goudiry, sont dans une situation alimentaire assez tendue. Et si rien n’est fait d’ici juin, juillet, ces localités risquent d’être dans une situation de crise alimentaire. «Ces six départements qui sont sous pression méritent une surveillance. Si on ne fait rien, ils vont être dans une situation de crise alimentaire», alerte le secrétaire exécutif du Cnsa, Jean Pierre Senghor. Sa collaboratrice, Mme Camara Guélo Seck, d’embrayer : «Dans ces départements, 20% des personnes sont dans une situation où elles ne peuvent pas accéder à la nourriture sans être aidées.» Elle ajoute qu’actuellement, «319 mille personnes ont besoin d’être assistées en urgence alimentaire. Mais d’ici juin, juillet, août, si rien n’est fait, 6% de la population, soit 751 mille 130 personnes seront dans une situation de crise alimentaire».
Situation pastorale inquiétante
Dans la partie nord du Sénégal, la situation pastorale est également inquiétante cette année. Il y a un déficit fourrager, notamment à Linguère et à Ranérou. Les mares ont tari plutôt que prévu, entraînant ainsi une forte utilisation des forages pastoraux.
«J’ai constaté que le tapis herbacé est quasi inexistant. La transhumance a été très précoce et surtout massive. Les prix des animaux ont baissé sur les marchés. Et on constate déjà que les moyens d’existence des populations s’effritent de jour en jour», témoigne Reda Lebtahi, représentant au Sénégal de l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (Fao).
Face à cette situation, le Se/Cnsa a déposé un plan d’urgence sur le bureau du Premier ministre. «Le gouvernement devrait prendre le taureau par les cornes. La situation pastorale nécessite 5 milliards de francs Cfa, la situation alimentaire, 6 milliards, soit une cagnotte de 11 milliards de francs Cfa qu’il faut mobiliser pour éviter une situation de crise alimentaire dans ces départements répertoriés», explique Jean Pierre Senghor.
Les partenaires techniques, notamment la Fao et le Programme alimentaire mondial, sont en train de s’activer pour appuyer le Se/Cnsa dans le cadre de la mise en œuvre de ce plan d’urgence. Depuis deux ans, le Pam intervient dans les départements de Podor et Matam et compte poursuivre ses actions liées surtout à l’attribution de bons d’achat alimentaires. A travers le plan d’urgence, informe son chargé de Programme, Joseph Sadio, le Pam veut mettre à l’appréciation du Se/Cnsa un plan de réponse qui cible 130 mille bénéficiaires. «Des ressources sont en train d’être mobilisées afin d’atteindre cette cible. Actuellement, les disponibilités tournent autour de 30% de la couverture de la cible. Il y aura trois distributions qui sont prévues dans le cadre de cette assistance alimentaire du plan d’urgence du gouvernement du Sénégal pour 2018», indique M. Sadio.
Pour le batail, le ministère de l’Elevage et des productions animales annonce une opération de sauvegarde. En ce sens, renseigne Khady Kane de la direction de l’Elevage, 300 millions de francs Cfa ont été dégagés par le ministère de l’Economie, des finances et du plan, 500 millions mobilisables dans le cadre du Projet régional d’appui au pastoralisme au Sahel (Praps), plus de 2 milliards disponibles dans les comptes du Crédit agricole. Pour ce qui concerne la Fao, il y a 400 millions mobilisés dans le cadre des fonds belges et canadiens pour appuyer les éleveurs dans la zone nord.
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