Le discours de Tanor aux sortants de la Fac de Droit de l’Ucad n’est pas que celui d’un parrain. Il convoque aussi l’actualité du Parti socialiste et ses deux camps.
Par Hamath KANE
La politique est, dit-on, une affaire de contexte et de prétexte. Un contexte : la crise au sein du Parti socialiste. Un prétexte : la cérémonie de remise des parchemins à la 3ème promotion de Mater 2 de la Faculté des sciences juridiques et politiques de l’Université Cheikh Anta Diop, samedi dernier. Ousmane Tanor Dieng qui en est le parrain a lu son texte dont certaines phrases, contextualisées, convoquent la forte actualité du Parti socialiste animée par deux camps : le sien et celui de Khalifa Sall. «Tout au long de mon engagement politique et aujourd’hui plus que jamais, j’ai assumé mes actes. (…) Je le tiens de mon éducation. On peut être en désaccord avec moi sur ce que je dis ou sur les positions que je défends. C’est la démocratie mais personne ne me prendra en défaut de loyauté vis-à-vis des valeurs qui m’ont été transmises», a dit le Secrétaire général du Ps. Il y a, à distance, une guerre des philosophies entre Khalifa Sall et Tanor. En tournée à Saint-Louis, la semaine dernière, le chargé de la Vie politique du Ps avait averti ses militants relativement aux déboires de Bamba Fall et Cie en ces termes : «On aura devant nous des gens qui ne nous feront aucune concession. En politique, on ne se fait pas de cadeau.»
«La démocratie dépérit quand la violence devient le recours systématique à la place des idées»
Mais Tanor voit les choses autrement et le partage avec les étudiants en Droit: «En politique, on ne fait pas la guerre. Je ne fais pas la guerre. Je cherche à convaincre pour faire triompher mes idéaux et mes convictions. Je peux avoir des adversaires politiques mais jamais d’ennemis. J’ignore jusqu’à l’idée de la haine qui est la pire ennemie de la démocratie. La démocratie dépérit quand la violence devient le recours systématique à la place du débat d’idées, de la réflexion. C’est sans doute l’une des principales causes de la crise actuelle de la politique dans notre pays et les plus jeunes en sont les principales victimes.»
«J’ai connu les servitudes de la gestion d’un parti d’opposition pendant 12 ans»
Si le maire de Dakar et ses hommes disent être «les vrais héritiers de Senghor», Tanor a loué «ce grand apôtre de la négritude qui (leur) a inculqué l’esprit d’organisation et de méthode, le sens de l’Etat et du bien commun et l’exigence de clarté et de précision dans le raisonnement.» Sans oublier Abdou Diouf, «un homme de conviction et de synthèse, un homme d’Etat qui (lui) a appris la responsabilité mais aussi le calme, la sérénité et le recul face aux épreuves de la vie». Ce discours du président du Haut conseil des collectivités territoriales (Hcct) a, dans une large mesure, un goût de réponses aux attaques de ses détracteurs qui ne ratent pas l’occasion de faire son bilan de la gestion du Ps. Tanor dit : «Comme Premier secrétaire du Parti socialiste, j’ai l’expérience confortable de la gestion d’un parti au pouvoir. Comme Secrétaire général du Parti socialiste, j’ai connu les servitudes de la gestion d’un parti d’opposition pendant 12 ans. Pendant ces 12 années, j’ai plus appris sur la complexité insondable de la nature humaine que pendant mes 25 années au cœur de l’Etat à la Présidence de la République.»
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