Le syndrome du Pds, qui a précocement subi un enterrement de première classe, est-il en train de contaminer la formation marron-beige qui semble être engagée dans un processus de crise rampante qui n’augure rien de rassurant pour les destinée futures du parti présidentiel ?
Ce constat semble être confirmé par des querelles internes d’ambitions personnelles, des luttes d’influence et des guerres de tranchées qui ont atteint la masse critique avec la défenestration de l’ancien président du groupe parlementaire de Bby, Moustapha Diakhaté.
Selon des membres du parti qui ont requis l’anonymat, l’exclusion du responsable de l’Apr, qui est intervenue tel un coup de tonnerre sur un ciel serein, a été planifiée au sein d’une parodie de commission de discipline autoproclamée et extraite d’une longue hibernation pour servir de bras séculier afin de solder de vieux comptes avec un homme politique atypique et anticonformiste dont la liberté de ton donne le tournis à ses compatriotes de la même formation politique.
L’acte d’accusation, brandi pour la circonstance, fait état de pratiques attentatoires aux statuts et règlements que le parti s’est librement donné.
En ma qualité de co-fondateur du Rassemblement national démocratique (Rnd), où nous avons milité ensemble en 1976, j’ai toujours tenu en estime Moustapha Diakhaté dont les convictions solidement ancrées dans son Adn n’ont jamais été prises à défaut.
Il ne fait ni dans la langue de bois ni dans la dentelle pour exprimer ses opinions en tout lieu et en toute circonstance. Pour ceux qui ne le savaient pas encore, je puis témoigner, que Moustapha Diakhaté avait conquis l’oreille de l’illustre disciple de Pierre et de Marie Curie qui le consultait périodiquement sur l’état du parti à l’échelle de l’agglomération Mbacké-Touba particulièrement affectionné par l’auteur de Nation nègre et cultures.
Il se définit lui-même comme un homme politique du juste milieu.
Ni béni oui ni béni non, il adore les positions du centre et abhorre les extrémismes et les certitudes réducteurs de quelque bord qu’il se trouve.
Le Président français Charles De Gaulle disait : «En politique, la vertu est toujours au milieu.»
Ce personnage politique, de commerce facile, mais difficile à manœuvrer, a toujours placé la droiture au-dessus de la posture.
Dès les premières années de l’alternance, au moment même où tout le gratin de la Républi­que faisait allégeance au ministre Karim Wade, au firmament de sa gloire, Moustapha Diakhaté a tenu la dragée haute au puissant «ministre du ciel et de la terre», selon la lumineuse formule de Babacar Justin Ndiaye.
L’audace de l’enfant de Touba lui a même valu d’être éjecté de son fauteuil douillet de conseiller spécial à la présidence de la République. La preuve est ainsi établie que Moustapha Diakhaté (dit Ndiégne pour les familiers) n’a cure des avantages, des privilèges que procurent les lambris dorés des salons cossus.
Droit dans ses bottes et toujours égal à lui-même, Moustapha Diakhaté n’hésite pas à se prononcer sur les questions estampillées sensibles.
Sur l’état des libertés démocratiques, le mandant présidentiel, l’affaire Guy Marius Sagna, la hausse des denrées de consommation courante, y compris le prix de l’électricité, les dérives liberticides, les supposés détournements de plusieurs centaines de milliards, Moustapha Diakhaté adopte invariablement des positions qui ne souffrent d’aucune ambiguïté. Sous un autre rapport, Macky Sall devrait anticiper sur les mutations politiques arrivées à maturité pour faire de l’Apr une force politique encore plus démocratique et plus ouverte aux préoccupations de la population, qui se positionne sur l’échiquier politique national comme une grande force de proposition des réflexions et d’initiatives aptes à survivre à ses fondateurs.
A mon avis, Macky Sall serait bien inspiré s’il scellait les retrouvailles avec les anciens compagnons d’infortune qui ont fait ensemble le chemin de croix pendant les années de braises.
Pour ceux qui seraient tentés de dire, mais diantre de quoi se mêle-t-il ? Je répondrais simplement, «consciemment ou inconsciemment, nous sommes tous embarqués dans le même bateau appelé Sénégal, dont le commandant de bord répond au nom de Macky Sall, président de l’Apr».
Au cours d’une réunion tenue en 1964 à Bala, dans la banlieue du département de Tamba­counda, mon ami, inspecteur de l’enseignement, m’a apostrophé en ces termes : «Youssoupha, on peut certes dire qu’il était une fois un président de la Répu­blique, mais on entendra jamais dire qu’il était une fois le Sénégal.»
Mitterrand disait déjà au sommet France-Afrique de La Baule : «Le respect du jeu démocratique est une exigence contraignante pour tous les acteurs politiques qui concourent à l’expression du suffrage des citoyens, mais il l’est encore davantage pour le parti qui exerce les fonctions dirigeantes.»

Youssoupha BABOU
Instituteur de classe
exceptionnelle à
la retraite
Ancien adjoint au Maire
de Mbacké
youbabou@yahoo.fr