Neuf mois n’ont pas suffi pour dissiper chez les anciens putschistes maliens toute velléité de prise du pouvoir par les armes. La soudaine montée des tensions hier à Bamako, avec l’arrestation du Président de la transition Bah N’Daw, et du Premier ministre malien Moctar Ouane, ne rassure guère sur la suite des évènements au Mali. En cause : le limogeage de deux membres influents de l’ex-junte du gouvernement, les colonels Sadio Camara et Modibo Koné des postes de ministre de la Défense et de la Sécurité.

Le Président Bah N’Daw.

Par Mamadou T. DIATTA – Va-t-on vers un 5ème coup d’Etat au Mali depuis l’indépendance de ce pays en 1960 ? Beaucoup de signaux pousseraient à le croire. En effet, le Président de la transition, Bah N’Daw, et le Premier ministre, Moctar Ouane, sont aux arrêts à Kati. Ces derniers ont été conduits sous escorte militaire. Cette montée subite de la tension survient après l’annonce de la liste des membres du deuxième gouvernement formé par le Pm malien depuis sa nomination. Il se trouve en effet que deux des ténors de l’ex-junte, qui occupaient respectivement les postes de ministre de la Défense et de la Sécurité, les colonels Sadio Camara et Modibo Koné, ont été évincés de l’attelage gouvernemental et remplacés par deux généraux de l’Armée dont Souleymane Doucouré, un pilote d’avion qui jouit d’une bonne réputation au sein de la troupe. Ces changements n’ont pas eu l’heur de plaire dans les rangs de la grande muette. Ainsi, l’on apprend que des hommes armés, après l’annonce du nouveau gouvernement, ont fait cap sur la résidence du Premier ministre Moctar Ouane et l’ont contraint, d’après certains témoignages, à se rendre chez le Président de la transition, Bah N’Daw. Ces derniers ont été ensuite conduits au fief des anciens putschistes, Kati, une ville garnison située à 15 kilomètres de Bamako, la capitale malienne.
De nombreux mouvements de troupes ont été notés dans plusieurs points de Bamako et à Kati. C’est dans cette ville garnison qu’avait été conduit de force, le 18 août 2020, par des colonels putschistes le Pré­sident élu Ibrahim Bou­bacar Keïta afin d’annoncer sa démission. Neuf mois après, la même réalité semble se reproduire avec de nouveaux acteurs – le Président de la transition Bah N’Daw et le Premier ministre Moctar Ouane – cette fois aux mains des membres de l’ex-junte malienne.
mdiatta@lequotidien.sn