Situation de La Poste au Sénégal -Pour quelle démarche syndicale ?

«La grande interview» parue dans le journal national Le Soleil, en date du vendredi 30 mai 2025, sous la plume de Oumar Fédior, à l’endroit du Directeur général de La Poste (Monsieur Maguette Kane), a fait l’objet, pour ma part, d’une intense réflexion. Et soucieux de l’avenir de cet établissement, en ma qualité de citoyen sénégalais et de syndicaliste, puisque j’ai eu à partager avec certains dirigeants syndicaux de ladite corporation, la même Internationale dénommée Uni Global Union [Uni], depuis de longues années.
Aussi, dans le cadre de l’Uni-Sénégal, il pouvait s’y tenir des concertations assez pointues sur le sujet qui, malheureusement, n’ont jamais eu lieu. Sous cet aperçu, la position dudit directeur interpelle que, sur la situation juridique de l’établissement, «l’accompagnement actif de l’Etat est essentiel pour le renouveau de La Poste».
C’est pourquoi, à mon humble avis, il est important de considérer que le syndicalisme est préventif et non curatif. Il s’agit, dès lors, de prendre les devants dans le cadre de la prise en charge des préoccupations, des aspirations et des besoins des travailleurs-salariés. Que cela, avec insistance, devrait se passer à l’interne, et de prime abord, dans l’établissement, avec les affiliés comme les non-affiliés, mais également avec l’implication de tous les syndicats qui doivent fédérer leurs forces, dans une parfaite unité. Parce qu’il s’agit d’actions permanentes, planifiées et coordonnées, dans le but d’asseoir une bonne information, une bonne communication et une bonne sensibilisation à tous les niveaux de la chaîne syndicale et professionnelle, à l’interne.
Attendu que le sujet est sensible et nécessite une bonne appréhension et une bonne connaissance de la part de l’ensemble du personnel. Puisqu’il englobe à la fois plusieurs aspects, à savoir les dispositions des articles L60 à L64 sur le licenciement pour motif économique, du Code du travail ; celles portant sur l’article L65 du chômage technique. Il en est de même des articles L66 et L67 de la modification du contrat de travail.
Autrement dit, il appert que les syndicalistes, en maison et en toute urgence, procèdent à des rencontres-discussions de mise à niveau ; et que stratégiquement, avec les centrales syndicales, se focalisent sur l’essentiel.
Attendu que la Fédération des syndicats de La Poste ne peut attendre, que l’employeur [l’Etat] prenne les choses en main et selon sa convenance, pour leur dicter sa propre loi. Une position d’attente qui peut leur être fatale, et il sera déjà trop tard. C’est à eux, dès maintenant, d’entreprendre les bonnes approches pédagogiques et administratives, en contact avec la Direction générale, aux fins de contre-propositions judicieuses. Parce qu’il s’agit de défendre, des enjeux du droit social en entreprise.
Dans cet entretien, le Directeur général martèle que «l’un des dossiers prioritaires qui m’ont été confiés concerne le plan de rationalisation des effectifs, élaboré pour répondre à la problématique de la masse salariale devenue insoutenable. Ce programme prévoyait le départ négocié de 1500 agents sur une période de trois ans, à raison de 500 départs par an […]».
Attendu qu’il importe donc, avec la situation d’endettement de la 3ème République présentement et les nombreuses difficultés repoussées d’un revers de main par l’Etat sénégalais, de se poser la question de savoir : par quelle démarche doit procéder la Fédération des syndicats de La Poste ? Puisqu’en outre, il ne faut pas ignorer qu’«en tant que société nationale, le capital est entièrement détenu par l’Etat».
Avec discernement donc, il y a lieu de s’interroger sur les moult éventualités et les conséquences sur le devenir des travailleurs-salariés. En ce sens que cette situation d’attente peut-elle perdurer ? Et qu’il existe, il faut en tenir compte, un plan stratégique suspendu par l’Etat. De quel projet s’agit-il, et est-il opérationnel et quand ? Ledit Etat, peut-il continuellement prendre en charge le salaire de tout un personnel de La Poste ?
En raison que «l’employeur doit fournir du travail au salarié, car sans activité professionnelle, il n’y a point de contrat de travail. D’ailleurs, il cause un préjudice moral et d’agrément en s’abstenant de donner du travail à un agent, même s’il lui verse son salaire (Cour de cassation arrêt n°47 Bicis/Issa Sarr du 19/06/1994)».
Ibrahima Khalil MENDY
Sg Syntips/Cnts
& Président du Mouvement
des permanents Cnts