Situation de La Poste : Le Sntpt accuse, la Direction générale éclaire

Le Comité sectoriel Poste du Sntpt a dressé un tableau noir de la situation du Groupe La Poste. C’était une manière pour les syndicalistes de faire le bilan d’un an du Directeur général de la boîte. «L’exploitation est quasi paralysée : trésorerie inexistante, manque de matériel, absence de logistique, production interne à l’arrêt. Même les bulletins de salaire ne sont plus produits depuis octobre 2024. La récente Tabaski, sans avance sur salaire, a été un moment d’endettement pour de nombreux agents», explique le Sntpt, qui dénonce l’inaction des autorités et la marginalisation de La Poste, notamment dans les paiements de masse, désormais «captés par des acteurs privés». «Les annonces gouvernementales sur la restructuration tardent à se concrétiser», ajoute le Sntpt, qui exige «des réponses urgentes : une vision claire, des mesures immédiates, la fin des dépenses inutiles et la reconnaissance de La Poste comme acteur-clé du service public. Il réaffirme sa disponibilité à travailler à des solutions durables».
En réaction à la sortie médiatique du Sntpt, la direction du Groupe La Poste dénonce «une méthode désormais routinière» du syndicat, qui «choisit une nouvelle fois l’escalade médiatique, dressant un tableau apocalyptique de la situation sans évoquer ni ses propres responsabilités historiques ni sa pleine implication dans les discussions internes en cours». Pour la Direction générale, il y a un héritage lourd suivi d’un travail de redressement. Elle évoque une «trésorerie bloquée, un endettement massif, un arrêt des activités-clés, une désorganisation générale». «Ces réalités n’ont jamais été cachées. Elles ont été exposées sans détour à l’ensemble des parties prenantes dès l’installation de la nouvelle direction, en particulier aux partenaires sociaux dont le Sntpt. Le Sntpt a pris part à toutes les réunions d’information, sessions de dialogue social, comités de suivi et panels techniques. Il est donc pleinement informé de l’état des lieux comme des chantiers engagés. Pourtant, il choisit une nouvelle fois de crier au naufrage dans l’espace public, comme il l’a fait sous chaque direction précédente. Cette logique de dénonciation perpétuelle, sans solution concrète ni effort de construction, ne peut être la réponse aux enjeux d’aujourd’hui», explique la Direction générale.
Pour elle, il y a une «vision qui existe». «Elle est claire. Contrairement aux affirmations du Sntpt, la vision de la Direction générale est claire et partagée à chaque étape du processus avec les instances représentatives. La vision : restaurer La Poste comme acteur-clé du service public, développer une offre innovante et atteindre l’équilibre financier à l’horizon 2026», note La Poste, qui annonce la mobilisation de moyens comme la «réforme de l’organisation, le renforcement de la gouvernance, la valorisation du capital humain, les appuis institutionnels (Etat, partenaires publics) et des innovations technologiques». «La Direction générale a aussi lancé la mise en œuvre d’un Plan d’actions prioritaires (Pap) axé sur la rationalisation des charges, le redressement financier et la relance progressive des activités, l’élaboration d’un Plan stratégique de développement aligné sur l’Agenda national de transformation avec quatre axes clairs : le redressement des finances, le développement d’une nouvelle offre de services, l’amélioration des processus et de la gouvernance, la valorisation du capital humain. Dans un contexte budgétaire difficile, chaque pas est pesé, chaque arbitrage transparent. La Poste du Sénégal est une institution publique. Sa transformation ne peut être l’otage de logiques de tension systématique ou d’expressions médiatiques répétitives. Le moment exige du courage, du sérieux et de la loyauté envers les travailleurs comme envers l’avenir du service public postal», ajoute la Direction générale.