Si le Sénégal est accablé depuis deux jours par les rapports des Ong en conclave à Banjul où se tient une session de la Cadhp, Ismaïla Madior Fall a balayé toutes ces accusations.

Par Justin GOMIS – A Banjul, la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples reçoit les rapports des Ong sur la situation politique, sociale et judiciaire du Sénégal. Après Africajom Center ou la Raddho (voir ci-contre), qui ont accablé le pays dans leurs rapports respectifs sur la situation des droits de l’Homme, le ministre de la Justice s’est défendu hier devant la Cadhp en visio-conférence. Il déclare que le Sénégal respecte le droit de manifestation et d’association, les libertés de réunion et d’association. «La liberté de manifestation est garantie au Sénégal. Nous avons le système de déclaration pour organiser une manifestation. Dans notre pays, les libertés de réunion et d’association sont toujours respectées. Le nombre d’interdictions de manifestations est marginal», estime Ismaïla Madior Fall. Depuis 2012, les Ong et associations de la Société civile se battent pour l’abrogation de l’arrêté Ousmane Ngom, considéré comme liberticide dans la mesure où il interdit des rassemblements au centre-ville, notamment aux abords de la Présidence. «Sur l’arrêté Ousmane Ngom, nous assumons. Parce que nous nous sommes rendu compte que le Sénégal est constitué de quasiment 197 000 km2. Le Sénégal est un grand pays. On peut organiser des marches partout à Dakar et au Sénégal. Mais, pour le centre-ville, par l’histoire, il y avait parfois des manifestations qui ont empêché le fonctionnement normal des services publics. Il y avait des manifestations qui étaient parfois à l’origine de troubles à l’ordre public, qui fait que le petit commerçant sera obligé de fermer boutique, le boutiquier à Sandaga ne peut pas vendre quand il y a des manifestations», assure IMF. Il ajoute : «Nous avons considéré que le centre-ville, étant pour l’essentiel le centre des activités économiques et des services publics, il était question de le protéger. En-dehors de ce petit espace, les manifestations sont autorisées dans tout le pays.»

Par ailleurs, Ismaïla Madior Fall est revenu aussi sur la condamnation du leader du parti Pastef à 6 mois avec sursis, soulevant même la question de son éligibilité. «Cette question est importante. Et je pense que la Justice va s’y pencher. Elle juge et rend un verdict. Alors, on attend que la Justice prenne sa décision pour en tirer les conséquences», précise-t-il. Quid de la liberté de la presse ? «Sur cette liberté de la presse, on a évoqué le cas d’un journaliste qui a été arrêté. Mais ce n’est pas en tant que journaliste, mais plutôt influenceur. Il s’agit d’un journaliste, en l’occurrence Pape Alé Niang, pour ne pas le nommer. Il a un site sur lequel il prend des positions politiques. C’est son droit le plus absolu. Chacun peut prendre des positions politiques, mais…», a indiqué le Garde des sceaux, qui a soutenu aussi que toutes les normes d’indépendance de la Justice sont garanties au Sénégal.
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