Réunis en conférence de presse hier, les leaders du Front pour la défense de la République (Fdr) ont dressé un bilan sombre de la gestion actuelle du pays. Entre dérives autoritaires et paralysie économique, l’opposition annonce une phase de «résistance active».

Par Justin GOMIS – Le Front pour la défense de la République (Fdr) ne faiblit pas dans son opposition au régime de Pastef. C’est un front uni et particulièrement offensif qui s’est présenté devant les journalistes, hier. Le Fdr, principale coalition de l’opposition, n’a pas mâché ses mots pour qualifier les premiers mois de gouvernance du régime Faye-Sonko. Pour les responsables du front, le pays traverse une «crise multidimensionnelle», qui menace la cohésion nationale. Le premier volet de la charge a porté sur le coût de la vie. Malgré les promesses de rupture, le Fdr constate une envolée des prix des denrées de première nécessité. «Le panier de la ménagère est devenu un panier percé», a martelé le porte-parole du jour, Modou Diagne Fada.

L’opposition pointe également du doigt l’arrêt brutal de nombreux chantiers d’infrastructures à travers le pays. Selon le Fdr, ce blocage volontaire des investissements publics entraîne une hausse du chômage et asphyxie le secteur privé local, déjà fragilisé par une fiscalité jugée «punitive».

Une démocratie «sous perfusion»
Sur le plan des libertés publiques, le constat est tout aussi alarmant. Le Fdr dénonce une recrudescence des pressions sur les acteurs de la Société civile et les médias indépendants. La question de la loi d’amnistie a également occupé une place centrale : l’opposition exige son retrait immédiat, y voyant une manœuvre pour «bâillonner la Justice» et installer un climat d’impunité sélective. Les leaders du front ont également fustigé les licenciements jugés arbitraires dans l’Adminis­tration publique, dénonçant une «chasse aux sorcières» qui ne dit pas son nom.

Vers un bras de fer social
Loin de se contenter d’un simple constat, le Fdr a annoncé un plan d’actions immédiat. Estimant que le dialogue est rompu, la coalition appelle les syndicats et les organisations citoyennes à rejoindre un vaste mouvement de protestation. Le front prévoit d’organiser des rassemblements sur l’ensemble du territoire dans les prochaines semaines pour exiger : une baisse réelle et immédiate des prix des hydrocarbures et de l’électricité, la reprise sans délai des travaux d’infrastructures d’intérêt public, le respect strict de la liberté d’expression et de manifestation.

Cette sortie du Fdr marque un tournant dans le calendrier politique. En se positionnant sur le terrain social et économique, l’opposition cherche à capitaliser sur le mécontentement populaire croissant. Reste à savoir quelle sera la réponse du gouvernement, qui continue de plaider pour une «opération de nettoyage» nécessaire des finances publiques avant toute relance.
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