Chérif Abdoulaye Aïdara est un guide religieux qui s’emploie quotidiennement pour un monde de paix et à ramener les égarés sur le droit chemin. Organisant la 5ème édition de la ziarra du village de Baya, dans la région de Kolda, le 24 février prochain, le chef religieux soutient que cet événement aidera à comprendre que les pays de la sous-région ne sont qu’un seul Peuple. Il invite aussi les hommes politiques au dialogue.

Chérif Abdoulaye Aïdara est un grand érudit de l’islam. «C’est un grand unificateur», témoigne son fils Samsdine Aïdara. La ziarra qu’il tient chaque année et dont la 5ème édition est prévue le 24 février prochain à Baya, un village situé dans la région de Kolda et fondé par son père Chérif Cheikh Omar Aïdara, plus connu sous le nom de Chérif Omar Baya, enregistrera la participation de milliers de pèlerins  en provenance de la Gambie, de la Guinée-Bissau, de la Mauritanie, du Mali et du Sénégal. Ces derniers vont «communier» pour prier pour la paix en Afrique et dans le monde.

Un moment de brassage entre les Peuples de la sous-région
Mettant avec ses talibés et autres collaborateurs la main sur les derniers réglages de l’organisation de la 5ème édition de la ziarra à Kolda, le guide religieux estime que cet événement constitue un moment de brassage entre les Peuples des pays de la sous-région qui vont y prendre part.
Réagissant à la dernière actualité tendue au nord et au sud du Sénégal, il regrette le meurtre d’un pèlerin bissau-guinéen en partance pour la ziarra de Médina Gounass et celui d’un pêcheur de Guet-Ndar par les garde-côtes mauritaniens, tout en les mettant sur le compte de la volonté divine. Toutefois, cet arrière-petit-fils du Prophète Mohamed (Psl) demande aux populations des pays de la sous-région de privilégier le vivre ensemble au lieu de subir l’influence du diable.
L’émergence du Sénégal constitue aussi une des préoccupations du guide religieux qui ne manque pas de formuler des prières pour que le pays emprunte cette voie. «On prie pour la paix au Sénégal et pour que le pays soit prospère. Il est souverain depuis longtemps. Nous demandons au Bon Dieu que  la paix règne au Sénégal pour qu’on atteigne le développement. On sait que les Sénégalais veulent voir leur pays se développer. C’est pourquoi je prie pour que le Sénégal soit ‘’la Suisse de l’Afrique’’», souligne Chérif Abdoulaye Aïdara, âgé aujourd’hui de 75 ans.

«Les musulmans ne sont pas des terroristes»
De père sénégalais et de mère bissau-guinéenne, le guide religieux de Baya a eu par le passé  à travailler dans la diplomatie. Lorsqu’arrive le moment de poursuivre l’œuvre de son père, il n’a de temps qu’à consacrer à l’islam. A chaque instant, ses talibés sont suspendus à ses prêches où il n’y a place que pour le suivi à la lettre des recommandations de Dieu déclinées à travers les enseignements du Prophète Mohamed (Psl). «Dieu a dit : ‘’Vous et les djinns, je vous ai créés pour que vous m’adoriez«», a déclaré Chérif Abdoulaye Aïdara.
Dénonçant le terrorisme qui est «en porte-à-faux» avec les règles prescrites par l’islam, Chérif Abdoulaye Aïdara enseigne : «Dieu a dit au Prophète (Psl) : «Ne faites pas du mal aux autres !« Nous déclarons haut et fort que les musulmans ne sont pas des terroristes. Un musulman ne peut même pas tuer une fourmi. Je suis un musulman, un Chérif. Le jour de la Tabaski, je donne à quelqu’un d’autre pour qu’il m’égorge mon mouton. Je n’ai pas le cœur pour le faire». «Ce sont les ennemis de l’islam qui sont les terroristes. Ce sont des sanguinaires. Qui a tué Saddam Hussein ? Qui a bombardé l’Irak ? Ce ne sont pas les musulmans, mais les ennemis de l’islam et de l’humanité qui l’ont fait», poursuit-il.

Les prédictions de son grand-père, Cheikh Mahfouz Aïdara
Evoquant l’histoire de son grand-père, Cheikh Mahfouz Aïdara, Chérif Abdoulaye dira de ce dernier qu’il est le premier Chérif à être passé en Casamance, en provenance de la Mauritanie, pour fonder vers la fin des années 1800 le village de  Binako Chérif, la première localité qu’il a créée au sud du pays et qui est située dans la région de Sédhiou. Plus précisément dans la commune de Mangaroungou, arrondissement de Djibanar, département de Goudomp.
En outre, Chérif Abdoulaye Aïdara soutient que son grand-père a été une fois hébergé à Dakar par les Lébous qui lui ont donné une des leurs en mariage. C’est ainsi que Cheikhna Cheikh Mahfouz Aïdara pria Allah pour que Dakar s’agrandisse comme ce fut souhaité par la communauté léboue. «Dakar était petite. Elle avait les dimensions du marché Sandaga. Il (Cheikhna Cheikh Mahfouz Aïdara) est parti de Dakar le matin pour arriver à Thiès.  Il a dit que Dakar s’étendra jusqu’à ces limites. Si vous voyez entre Dakar et Thiès, il n’y a plus de frontière. Tout comme Tivaouane et Ngaye Mékhé. Incha’Allah, Dakar atteindra ces zones», assure-t-il.

Pour le dialogue politique
Etant convaincu que les hommes politiques sénégalais «ne sont pas des ennemis, mais des adversaires politiques», Chérif Abdoulaye Aïdara les invite à dialoguer. «Cha­cun veut faire mieux que l’autre. Cela prouve qu’ils ne sont pas des ennemis, mais des adversaires politiques. On ne doit pas dire du mal à l’autre, parce que nous sommes tous de même mère et de même père. Que Dieu bénisse le Sénégal !», prie-t-il.
ambodji@lequotidien.sn