Des bâtiments en ruine, sous équipés et inadaptés, c’est le tableau qui se dégage de la situation des centres culturels régionaux du pays. La réunion décentralisée que le ministre de la Culture et de la communication a tenue à Matam le week-end dernier avec les 14 directeurs de centre culturel régional, a donné une image peu reluisante de ces démembrements du ministère de la Culture.

Des bâtiments en ruine, des locaux sous équipés, de faibles dotations budgétaires, la situation des centres culturels régionaux n’est pas reluisante. A l’occasion de la réunion que le ministre de la Culture a tenue samedi matin à Matam avec les 14 directeurs de centre culturel régional du pays, la question a été plus que largement évoquée. Symbole de cette décadence, les centres culturels de Saint-Louis et Kaffrine. Coordonnateur des centres culturels régionaux, Oumar Seck a présenté la situation de ces infrastructures en mettant l’accent sur la région de Kaffrine où le bâtiment qui accueille le centre menace de s’écrouler. Logé dans un bâtiment conventionné, le centre de Kaffrine souffre en plus des mêmes maux que de nombreux autres centres du pays. «Dans la plupart des centres, on note une mauvaise occupation de l’espace, une salle de spectacle mal conçue et mal insonorisée, une salle d’exposition inadaptée et une absence criarde d’équipement. A cela s’ajoute l’inexistence de théâtre de verdure, de studios d’enregistrement dans certaines régions, d’écomusées, de cafeterias», égrène le coordonnateur. Saint-Louis est également une capitale régionale à la recherche d’un centre culturel. Pour l’heure, le centre est confiné dans deux pièces exiguës. Et selon les explications du Secré­taire général du ministère, Birane Niang, l’assiette foncière nécessaire à l’érection d’un centre culturel est estimée à plus de 5000 mètres carrés alors que la municipalité n’en propose que 500 et dans une zone excentrée. Mais la situation de Saint-Louis interpelle dans la mesure où l’immeuble du Rognat, situé en plein cœur de la Place Faidherbe, a été affecté au ministère de la Culture par décret, insiste M. Birane Niang. Mais par la force des choses c’est la mairie de la ville de Saint-Louis qui a pris possession du bâtiment pour finir par y loger la police.
Les centres culturels régionaux du pays ont tous en commun d’être vieux ou vétustes, ceux de la dernière génération construits par le ministère de la Culture présentant tout de même un meilleur état. Il s’agit des centres Blaise Senghor de Dakar, des centres culturels de Matam, Louga, Fatick, Thiès, Ziguinchor, Tamba. Seulement, ces centres-là sont également confrontés à des problèmes qui ont pour noms, inadaptabilité aux activités auxquelles elles sont destinées, équipements quasi inexistants ou de mauvaise qualité, faiblesse du fonds documentaire. Dans le diagnostic présenté au ministre, Oumar Seck relève également que les centres construits par les Chinois entre 94 et 98 ont atteint un degré élevé de vétusté. Il s’agit des centres de Diourbel et Kaolack qui présentent de nombreuses dégradations dans les éléments du second œuvre, à savoir la menuiserie, l’électricité, les peintures. Ces centres présentent aussi un réel problème d’acoustique.

L’Acbep en cause
La situation de la région de Kédougou a aussi été évoquée. Là-bas le chantier du nouveau centre culturel, confié à l’Agence de construction des bâtiments et édifices publics (Acbep), n’est qu’à 45% de réalisation. Cela, alors que l’agence en question a déjà reçu du ministère plus que la totalité des crédits destinés à la réalisation de l’infrastructure. 289 millions ont ainsi été versés pour un chantier dont la valeur tourne autour de 209 millions et les choses n’ont pas avancé pour autant. Lors de sa visite dans la région de Kédougou, le ministre n’avait d’ailleurs pas manqué de dénoncer la lenteur dans la réalisation de cet ouvrage. En outre, les directeurs de centre culturel régional n’ont pas manqué de crier leur indigence en soulignant l’insuffisance des ressources qui leur sont allouées malgré la hausse des budgets qui sont passés de 6,6 à 10,6 millions par an.

Insatisfaction du ministre
Nonobstant ces difficultés, le ministre a montré son insatisfaction devant les performances de ses collaborateurs. «Je n’ai pas le sentiment que les gens savent où ils doivent aller», a lancé Abdoulaye Diop. La rencontre a alors pris les allures d’un team building avec un ministre à la baguette pour insuffler à ses collaborateurs la culture de la performance et du leadership. Il invite ainsi ses chefs de service à «faire preuve d’initiative, de sens de l’organisation et d’adaptation au milieu local». L’exer­cice avait parfois des apparences de cours magistral avec un ministre en bras de chemise occupé à montrer à son équipe le chemin de la performance. Mais le ministre se veut clair : aucun centime ne sera consacré aux régions qui n’auront pas de programme. En effet, souligne le Secrétaire général, avec l’avènement du budget programme à compter de 2020, les centres culturels régionaux seront des unités opérationnelles et l’affectation des crédits se fera en fonction des projets. «Il faut réfléchir dorénavant et avoir d’autres approches parce que c’est en fonction du contenu que vous aurez qu’on va vous allouer un budget», donne le ministre en guise de viatique.