L’activiste Bah Diakhaté et l’imam Cheikh Tidiane Ndao risquent la prison ferme. Le Parquet a requis 6 mois ferme contre les prévenus qui comparaissaient hier devant le Tribunal des flagrants délits pour les chefs de diffusion de fausses nouvelles et offense à une personne exerçant une fonction, à savoir le Premier ministre Sonko. En sus de cette peine, il a demandé à ce qu’ils paient une amende de 100 mille francs.

Il a ordonné également le retrait des propos incriminés sur les plateformes avec le concours de la Commission de protection  des données personnelles (Cdp) et la Brigade de cyber sécurité. Dans la même veine, le Ministère public a demandé à ce que la décision qui sera rendue par le Tribunal soit publiée dans trois quotidiens et deux sites. Par contre, il n’a pas ordonné la contrainte par corps.  Bah Diakhaté et Ahmed Tidiane Ndao seront édifiés le 3 juin.

M. Diakhaté avait déclaré que «le cursus politique de Ousmane Sonko est difficilement détachable  de ceux qui font la promotion de l’homosexualité». Cette déclaration de Bah Diakhaté dans les réseaux sociaux, lui a valu de comparaître hier devant le Tribunal des flagrants délits pour les chefs de diffusion de fausses nouvelles, offense à une personne exerçant une fonction. Des propos qu’il a réitérés devant la barre. «Je confirme que le discours de Sonko fait la promotion de l’homosexualité», a-t-il répondu au juge. Etant un homme politique, il défend les intérêts de son parti, a-t-il précisé.

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Il a tenu un discours devant quelqu’un qui a osé dire qu’il est le premier Français à avoir déposé une proposition de loi  pour défendre le mariage pour tous. «J’ai dit que le mot casus belli ne rime pas avec tolérance. On ne peut pas déclarer la guerre puis parler de tolérer», explique-t-il. A la question du Parquet de savoir  la raison de sa réaction, il répond : «Ma réaction est politique. Elle avait pour but de dire voilà des gens qui critiquent Macky Sall sur la question de l’homosexualité, n’ont pas fait mieux.» Qu’est-ce que vous voudriez montrer, l’interroge le parquetier ? «Je voudrais montrer que ceux qui tiraient sur le régime du Président Macky Sall, nous ont fait perdre l’élection. Mais ceux-là n’ont  pas fait mieux, parce que le Président Macky Sall n’a jamais parlé de tolérer l’homosexualité», assure-t-il.

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Dans ses accusations, Bah Diakhaté a aussi soutenu que Ousmane Sonko,  en faisant sa déclaration de patrimoine en 2016, a caché la vente d’une maison moyennant la somme de 100 millions de francs. Son co-prévenu, Imam Ndao, reconnaît en partie l’authenticité de ses propos.  «J’ai été forcé à dire oui. C’était en l’absence de mes avocats. J’ai enregistré ces audio depuis l’incendie de l’université. Concernant la sodomie, je rappelais ce que dit l’islam sur cet aspect de la vie. Je n’ai pas dit que j’ai commis une erreur. Je n’ai jamais tenu de tels propos. Je n’ai jamais dit que la première personne reçue par Sonko à la mairie de Ziguinchor est un homo»,  s’est-il défendu.

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Il poursuit : «La première personnalité reçue par le Pm est aussi un homosexuel. C’est dans l’audio, mais ce ne sont pas mes propos. J’ai des talibés et des enfants qui ont un certain respect et amour envers Sonko. Alors j’ai posé des questions en demandant si vraiment il a des accointances avec les homos.» «Si vous pouvez, mettez-moi en prison pour 10 ans. Je n’ai jamais présenté des excuses en affirmant que j’ai été induit en erreur. J’étais contraint de signer le procès-verbal de police», note-t-il.

L’avocat de la défense, Me Amadou Sall, a demandé à ce que  les faits amnistiés soient écartés des débats. «Sinon il y aura une confusion pour éviter des faits qui ne nous concernent pas», a-t-il dit.

Le Parquet, lors de sa prise de parole, a demandé au Tribunal d’écarter les pièces fournies par la défense comme l’acte de vente. «Je ne dis pas que cet acte de vente est faux, mais j’en doute», a répliqué le procureur de la République en réponse aux arguments des avocats de Bah Diakhaté.
Par Justin GOMIS – justin@lequotidien.sn