SONACOS – Commercialisation de l’arachide : LES TRAVAILLEURS ÉGRÈNENT LEURS GRIEFS – «Nous en sommes à 500t, alors qu’on devrait être à 15 mille t en ce moment» «Sans graines, il y aura 1 800 emplois de perdus»

Près de 20 jours après le lancement de la campagne de commercialisation de l’arachide, les travailleurs de la Sonacos alertent de nouveau sur la situation qui prévaut au niveau de leur entreprise. Ils sont passés hier à la vitesse supérieure avec un sit-in tenu devant les locaux de l’usine de Diourbel.
L’ambiance n’est pas bonne à la Sonacos de Diourbel. Une partie des travailleurs a observé hier un mouvement d’humeur devant les locaux de la Société nationale de commercialisation des oléagineux du Sénégal (Sonacos) pour exprimer leurs inquiétudes par rapport au fonctionnement de l’usine. A l’instar des autres unités du pays, l’antenne de Diourbel n’a guère une meilleure situation. Ils jugent catastrophique la situation qui prévaut au niveau du Baol, comme l’expriment leurs pancartes sur lesquelles on pouvait lire «Suppression des taxes égale soutien aux exportateurs», «L’industrie locale est en danger», «Sans graines, 1 800 emplois perdus». Le porte-parole des travailleurs, par ailleurs secrétaire général adjoint national du Syndicat des corps gras de la Sonacos, explique : «Nous avons organisé ce rassemblement pour nous faire entendre. Nous réclamons notre droit le plus élémentaire qui est le droit au travail.» Thié Mbaye Ndiaye poursuit pour montrer la situation qui prévaut au Baol, bassin arachidier : «La campagne est ouverte depuis presqu’un mois et nous n’avons pas assez de graines. Cela ne peut pas prospérer. Les règles de la campagne ne sont pas respectées alors que nos jeunes doivent travailler.» D’après M. Mbaye, la situation des achats de graines est catastrophique. «D’autant plus que, dit-il, nous avons un objectif de 150 mille tonnes et Diourbel devrait avoir 25 mille tonnes dans cet ensemble. Aujourd’hui, on devrait être à 15 mille tonnes au moment où nous n’avons que 500 tonnes.» Selon lui, «le peu de graines fournies devrait être donné aux industries pour créer de la valeur ajoutée et du travail pour les jeunes». A l’en croire, «les paysans refusent d’amener leurs graines à la Sonacos à cause de la mauvaise organisation de la campagne. Si la campagne était bien organisée, les paysans y trouveraient leur compte et nous aussi». Thié Mbaye Ndiaye alerte l’Etat sur certaines pratiques : «C’est inacceptable que l’Etat donne des graines subventionnées, des engrais subventionnés, du matériel agricole subventionné et que des gens viennent prendre ces graines et les amènent chez eux et donnent du travail à leurs jeunes et nous laissent au chômage. Nous n’allons pas l’accepter. C’est un déséquilibre qui dérègle tout le jeu que nous sommes en train de faire. Ce qui fait que nous ne pouvons pas accéder aux graines.» M. Ndiaye rappelle que «l’Etat devrait mettre une taxe, puis bloquer le peu de graines qui existent afin de pouvoir réserver les semences pour l’année prochaine».
«A Diourbel, nous n’avons que la Sonacos»
Une situation qui entraînera sans doute une hausse du chômage dans la région. D’après le porte-parole des travailleurs, la direction avait déjà recruté une centaine de jeunes parmi les 300 «qui devraient être recrutés cette année. Or la direction envisage de donner des préavis pour arrêter les contrats. Non seulement ceux qui travaillaient vont arrêter dans quelques jours, mais les 200 saisonniers qui devaient être recrutés ne viendront plus. Alors que l’année dernière à pareille époque, la Sonacos avait recruté 1 800 saisonniers. Donc, tout ce nombre va aller au chômage». Que faire ? «Le gouvernement, après avoir fait de gros efforts pour restructurer la Sonacos, a le devoir de travailler davantage pour la survie de l’industrie», insiste le syndicaliste qui signale «qu’ils vont continuer à organiser des marches, car il faut que l’Etat réagisse afin que les règles soient respectées». Il faut savoir que dans cette ville, la quasi-totalité des jeunes et pères de famille à la retraite avaient des contrats de saisonnier dans l’usine à chaque période de la campagne arachidière. «A Diourbel, nous n’avons que la Sonacos. Nous avons vraiment besoin d’aide», lâche Amadou Ngom qui regrette le temps des vaches grasses.