Sonko a raison de s’écœurer mais qu’il se maîtrise

Monsieur Ousmane Sonko, qui en a tant vu durant sa vie d’opposant politique, devrait être aguerri pour être inébranlable par l’arrêt rendu le 1er juillet 2025 par la Cour suprême dont l’effet qui a dû lui faire mal par-dessus tout, serait le fait qu’en principe, il lui serait impossible d’obtenir que les Sénégalais entendent des débats croustillants sur la plainte pour diffamation de M. Mame Mbaye Niang contre lui. Mais ce n’est pas seulement la croustillance de ce débat qui intéresserait Sonko. L’intéresse aussi la clarté qui en résulterait d’où découlerait la question qui cesserait définitivement d’être l’objet de discussion sur la question de savoir si oui ou non l’accusation, compte tenu de ce sur quoi s’était fondé l’opposant Sonko en tenant les propos qui lui valent la plainte de Mame Mbaye Niang, tient la route ou non. Il en est sûr et certain, et c’est ce qui fait que ledit rabat d’arrêt qui tournerait la page de cette affaire lui fait mal.
Ousmane Sonko homme politique opposant n’est pas Ousmane Sonko dont la détermination dans les luttes politiques qui ont abouti à la défaite sans bavure de l’équipe à laquelle faisait partie Mame Mbaye Niang et ses acolytes, qui lui en ont fait voir de toutes les couleurs, avec l’aide, à n’en pas douter, de certaines individualités et certaines institutions républicaines dont malheureusement les cours et tribunaux. Ce procès en rabat d’arrêt aurait dû être l’occasion pour laver à grande eau l’institution judiciaire si ses représentants au plus haut sommet, par ledit arrêt diversement apprécié, n’avaient pas empêché que dans une parfaite égalité dans l’application des procédures pénales et les références jurisprudentielles, Mame Mbaye Niang et Ousmane Sonko mesurent leurs argumentaires respectifs, l’un accusant l’autre de l’avoir diffamé, ce dernier se défendant comme il peut, mais bien que disposant de moyens en béton, il succomba en première instance, en appel et rabat d’arrêt, parce qu’ayant eu des bâtons dans les roues pour mener une bataille efficace, d’égal à égal.
Appréciant lui-même les faits de la cause, ses moyens pour se défendre face aux moyens de loin plus déterminants de son adversaire, qui ne seraient pourtant que des allégations qui avaient le pouvoir d’obliger les décideurs à les écouter, mais qui ne devraient pas être de taille pour lui permettre de l’emporter devant des juridictions «statuant au nom et pour le Peuple sénégalais».
Qui à la place de Ousmane Sonko ne péterait-il pas les plombs s’il était soumis aux tracasseries physiques et morales qu’il avait subies, pour avoir exercé son droit d’être opposant d’un régime en place ? Sans rentrer dans les détails des tracasseries dont il s’agit, je ne peux pas m’empêcher d’en dire deux mots.
Tout est parti de la radiation de la Fonction Publique du pauvre Sonko, qui n’entendait pas du tout la boucler, en étant témoin oculaire de la scandaleuse gouvernance du pays, surtout que ceux qui en étaient responsables continuaient de plus belle à en faire qu’à leur tête, étant craints par ceux qui ont peur de la prison, comme l’autre qui était allé demander protection à un Khalife général contre le risque que son opposition au tout puissant président de la République de l’époque lui faisait courir suite à une brouille entre eux.
Suite à cette radiation de la Fonction publique pour une cause qui n’en valait pas la peine, avaient suivi d’autres sanctions et des plaintes pour des pécadilles dont la plainte incroyable d’une gendarme pour un prétendu ridicule vol de téléphone lui appartenant.
Pendant la même période des souris grignotaient les plaintes de Sonko qui s’entassaient dans les casiers du Parquet de Dakar sans jamais mériter un coup d’œil. Dire qu’avec courage, Sonko et certains autres de ses camarades de parti en avaient trop bavé sans en démordre, malgré le traitement inhumain qu’on leur faisait subir.
Mais malgré le fait que le degré de détermination, pour une juste cause du combat pacifique que l’actuel Premier ministre et ses camarades avaient mené jusqu’à leur arrivée au but, dans la paix, et sont en train de faire de leur mieux avec la compétence requise, par les faits et gestes qu’ils posent, et qui doivent être leur préoccupation majeure, ils doivent faire comprendre aux «détaillants politiciens» qu’ils n’ont pas le temps de toujours réagir aux critiques politiciennes dont certains sont en passe de devenir spécialistes, pour occuper leur temps vide. Ce que les observateurs demanderaient au Premier ministre Sonko par les temps qui courent, c’est plutôt de consacrer tout son temps, aux côtés de M. le Président de la République, à la réalisation des promesses qui leur ont permis de remporter deux élections générales majeures avec des scores qui n’ont jamais été atteints. Se mettre à épousseter les plaintes qu’il avait déposées et que le Parquet avait ignorées, ne serait que donner de la matière à ceux qui en cherchent, pour lui faire oublier l’essentiel en le braquant sur des détails finalement sans tête ni queue.
Me Wagane FAYE