La présence ou pas du leader du parti Pastef, Ousmane Sonko, à l’audience d’aujourd’hui dans l’affaire de viols et menaces de mort opposant ce dernier à l’ex-masseuse, suscite des interrogations. Jusqu’à hier, le «Patriote», qui risque un jugement par contumace et dont les exigences pour sa comparution sont rejetées par l’Etat, était à Ziguinchor sous la protection de ses partisans. Après le renvoi du 16 mai dernier, les parties devraient s’expliquer devant le président de la Chambre criminelle, Moustapha Fall, qui a remplacé le juge Hyppolite Ndeye, qui s’est dessaisi.

Par Amadou MBODJI –

Le procès en audience spéciale concernant l’affaire «Sweet Beauté» entre le leader du parti Pastef, Ousmane Sonko, et l’ex-masseuse, Adji Sarr, se tiendra aujourd’hui. Et ce, après le renvoi de l’audience du 16 mai dernier, décidé par le Juge et motivé, selon lui, par le «non-respect de la procédure». D’après le président Hyppolite Ndeye, qui s’est dessaisi et qui sera remplacé par le président Moustapha Fall, les dispositions de l’article 246 du Code de procédure pénale n’étaient pas respectées. Cet article dispose, en effet, que «les débats ne peuvent s’ouvrir moins de trois jours après l’interrogatoire par le président de la Chambre criminelle». Or, à l’audience, Ndèye Khady Ndiaye, la propriétaire du salon de massage «Sweet Beauté Spa» et co-accusée de Ousmane Sonko, aurait été entendue la veille de l’ouverture du procès dans le cadre d’une audience d’identification. Un procès renvoyé en l’absence de Ousmane Sonko, qui avait choisi de rester à Ziguinchor où il est à la tête de la mairie.

Après des affrontements entre les jeunes à Ziguinchor, qui ont décidé de servir de bouclier à leur maire, et les Forces de l’ordre «soupçonnées» de vouloir extirper de sa demeure le leader du parti Pastef, la question, qui taraude les esprits, est de savoir si Ousmane Sonko sera présent ou pas au procès, aujourd’hui ? En tout cas, lors d’une grande interview accordée à la chaîne privée Walf Tv, le «Patriote» en chef avait fait part de sa volonté de prendre part au procès, si toutefois on assure sa sécurité. Un procès auquel il tient pour «démonter ce dossier qu’il considère comme vide» et qu’ils accusent ses adversaires politiques «d’avoir monté pour l’écarter de la Présidentielle 2024».

Le niet de l’Etat
Bénéficiant d’une présomption d’innocence dans cette supposée affaire de viols et de menaces de mort, Ousmane Sonko, dans la livraison du journal Le Quotidien d’hier, «a fait dire à son avocat qu’il était disposé à être présent le mardi matin (aujourd’hui) à 9h 30 dans la salle d’audience du Tribunal, si les autorités acceptaient de le laisser choisir librement son itinéraire, et levaient le siège de son domicile».

De plus, il ne devrait pas être interdit à ses partisans d’entrer dans la salle abritant le procès. Une fois dans la salle d’audience, Ousmane Sonko, d’après les termes de sa requête, devrait être autorisé à faire une déclaration et refuser de répondre à toutes les questions. Saisi de cette requête, le ministre de la Justice, Garde des sceaux, a opposé une fin de non-recevoir. Ismaïla Madior Fall a expliqué aux conseils de Sonko que l’Etat n’a pas pour habitude de négocier avec des justiciables. Une fois qu’il a établi les conditions d’un bon déroulement du procès, il appartient à toutes les parties de comparaître.

Après un nombre de 14 morts enregistré en 2021 suite à la convocation du leader du parti Pastef dans l’affaire «Sweet-Beauté», d’autres morts, au nombre de trois, ont été enregistrés lors de l’audience du 16 mai dernier. D’autres violences pourraient-elles survenir, en cas de non-renvoi de l’audience aujourd’hui ? Rien n’est moins sûr.

La question de l’«inéligibilité» du «Patriote» en chef avait été agitée après sa condamnation à six mois de prison avec sursis et à payer une amende de 200 millions dans l’affaire Prodac l’opposant au ministre Mame Mbaye Niang, le leader du parti Pastef a vu ses avocats attaquer cette décision à la Cour suprême par un pourvoi en cassation. Suffisant pour que ce dossier soit considéré comme un «procès à haut risque», de nouvelles tensions pouvant subvenir autour. Ce qui ne manque pas de nourrir des craintes chez certaines voix qui demandent que «l’affaire soit classée sans suite».
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