Critiqué et considéré par ses détracteurs comme un dictateur, le Président Macky Sall n’est pas ébranlé par ces points de vue. Dans un entretien avec le magazine «Jeune Afrique», le président de la République déclare n’avoir aucun regret. Par Dieynaba KANE –
Le président de la République va quitter le pouvoir, le 2 avril prochain, après 12 ans de règne. Critiqué par rapport au sort réservé à ses opposants, notamment Ousmane Sonko, leader de l’ex-parti Pastef, durant son magistère, Macky Sall soutient n’avoir aucun regret à ce sujet. Dans un entretien accordé au magazine Jeune Afrique, le Président Sall déclare : «Vraiment, je n’ai aucun regret : tout ce qui a été fait l’a été selon les normes démocratiques les plus élevées. Force doit rester à la loi.» Par la même occasion, le président de la République a réitéré ses propos tenus à Fatick lors du Conseil présidentiel, vendredi dernier. «Ceux qui veulent l’anarchie et le chaos pour assouvir leurs ambitions, me trouveront sur leur chemin», a-t-il averti.
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Evoquant le cas de Ousmane Sonko, le chef de l’Etat a fait savoir que «de soi-disant militants de son parti ont tué des femmes innocentes en lançant des cocktails Molotov contre un bus de transport public dont ils avaient bloqué la porte». Le chef de l’Etat d’interpeller son interviewer : «Et, on va manifester pour la libération de personnes qui ont commis ces atrocités ?»
Dans la même veine, Macky Sall a rejeté les critiques formulées contre les condamnations judiciaires de ses principaux opposants, Karim Wade, Khalifa Sall et Ousmane Sonko. Face à ces critiques, il rétorque : «Les opposants, ou les hommes politiques de façon générale, ne seraient pas justiciables ? Vous-mêmes (Ndlr : le journaliste de JA) avez évoqué les menaces de mort, les appels à me destituer ou à l’insurrection lancés par l’un de mes adversaires [Ousmane Sonko]. Si le Sénégal était une dictature, comme certains veulent le faire croire, pensez-vous sincèrement qu’il aurait pu passer une seule journée à m’insulter en boucle ?»
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Par ailleurs, le chef de l’Etat, qui a choisi son Premier ministre comme candidat de sa coalition pour la Présidentielle de 2024, estime qu’il faut préserver «la stabilité du pays avant tout et par tous les moyens». Selon lui, cela, «malgré les assauts menés par certains aventuriers de la politique et malgré les volontés de déstabilisation». Et d’insister : «Il faut absolument préserver cette stabilité en s’appuyant sur l’Etat de droit, coûte que coûte.»
Parlant de cette élection, Macky Sall soutient que c’est le choix entre «la continuité» ou «l’aventure avec des combinaisons politiciennes qui feront que la gouvernance sera très difficile».
Dans cette interview, Macky Sall a été aussi interpellé sur le sentiment anti-français, qui croît dans la région. D’après le chef de l’Etat, «le mouvement s’est amplifié», mais «la France ne peut être tenue pour responsable de tous les maux de l’Afrique».
dkane@lequotidien.sn