Sorti de prison pour 60 jours à cause du Covid-19 : Habré reste dans la ligne de mire de l’Onu et de l’Avcrhh

La libération conditionnelle de 60 jours de l’ex-Président tchadien, à cause des risques de contamination au Covid-19 en prison, continue d’enrager l’Association des victimes de crimes du régime de Hissein Habré (Avcrhh), qui appelle les autorités sénégalaises à respecter la peine prononcée par les Chambres africaines extraordinaires, condamnant Hissein Habré à perpétuité pour crimes contre l’humanité, crimes de guerre et torture. «Les autorités doivent s’assurer, tout comme l’a promis Macky Sall, qu’il retourne en prison dès que les conditions le permettent», exhorte l’Avcrhh qui promet de veiller à ce qu’il retourne en détention.
La mise en garde est aussi venue des Nations unies. Le Rapporteur de cette organisation mondiale sur la justice transitionnelle a appelé les Etats à ne pas octroyer de grâce, d’amnistie ou d’avantages dans l’exécution des peines des personnes condamnées pour crimes contre l’humanité ou crimes de guerre. Le cas de Hissein Habré n’a pas été expressément cité mais la description de Fabián Salvioli correspond bien à sa situation.
Selon l’expert de l’Onu, l’obligation des Etats d’éviter la surpopulation carcérale et de s’assurer de la bonne hygiène dans les prisons et autres centres de détention, ne peut justifier certaines faveurs. «Les amnisties, grâces, exemptions de responsabilité pénale ou avantages dans l’exécution d’une peine ne sont en aucune circonstance applicables aux personnes condamnées pour génocide, crimes contre l’humanité ou crime de guerre comme c’est prévu par le droit international», rapporte le rapporteur de l’Onu. En plus, souligne-t-il, «les grands criminels bénéficient souvent de conditions de détention, établies par mesure de sécurité, qui réduisent les contacts avec les autres détenus, ce qui les place dans une situation avantagée en matière de sécurité et de santé par rapport aux autres personnes privées de leur liberté».
Selon Fabián Salvioli, «dans la crise sanitaire actuelle, s’il est impossible d’assurer la bonne santé des détenus en prison, la détention à domicile devrait être permise, avec les dispositifs de contrôle appropriés. Toutefois, les individus doivent retourner en prison une fois que cette situation d’urgence sera finie, afin de purger le reste de leur peine».
Auparavant, le chef de l’Etat avait donné un gage important en ce sens lorsqu’il a déclaré, lors d’une interview à Rfi et France 24 le 17 avril 2020, que le président Habré a été jugé, condamné et il était en prison. «Il est toujours en prison au moment où nous parlons, c’est seulement le lieu de sa réclusion qui a changé. […] Ce n’est pas du tout un prétexte pour le faire libérer mais c’est une mesure d’ordre humanitaire et une précaution pour éviter, évidemment, des risques inconsidérés le concernant. […] Le juge a fait un arrêt pour 60 jours, ou pour la durée de la pandémie. Quand elle finira, naturellement il devra rejoindre sa cellule», avait promis Macky Sall.
Hissein Habré est condamné à verser 82 milliards de francs Cfa en dommages et intérêts aux victimes de son régime qui attendent toujours leur indemnisation.