Entre une démonstration de son talent dans les cyphers et une promesse de faire une belle carrière, Amada Picasso a failli sombrer dans l’anonymat. A cause du départ en France de Md, quelque temps après la sortie de leur unique album Dou Faye, le groupe All Right dont il faisait partie n’a pas confirmé tout le bien que les observateurs pensaient de lui. Et c’est Amada qui a, semble-t-il, le plus souffert de cette scission. Le jeune, «plein d’audace et pétri de talent», n’a pas eu l’occasion de confirmer cet espoir. On se souvient que quelque temps après la sortie de Dou Faye en novembre 2013, Amada Picasso a disparu des radars. Bien évidemment, en l’absence de promotion, la production se place logiquement dans la catégorie «flop» sur le plan des ventes. Une situation qui, apparemment, a entraîné la décente aux enfers de l’artiste. L’argent et l’énergie investis dans cette auto production n’ont pas porté leurs fruits. Ce qui a conduit à une traversée du désert qui a duré 4 ans.
Heureusement qu’au mois d’août dernier, le rappeur a refait parler de lui avec la sortie de Mehemen diam som kay ou grâce à Dieu (je vais bien en français). Ce premier opus de l’ancien membre du groupe All Rigth est en réalité un maxi aux allures d’album  et est composé de 13 titres et 2 bonus tracts. En le présentant à ses fans, il a également voulu prouver aux autres rappeurs qu’il faudra compter sur lui pour servir «un rap authentique qui ne suit pas la tendance de manière effrénée». Et ce «rap authentique», l’artiste l’explore à travers la diversité. De l’afrobeat en passant par la trap-musique, sans oublier les notes de chez nous, Amada Picasso a servi un savoureux mélange de sons du passé et de ce qui se fait actuellement. Mais le plus original reste ce sample de la musique salsa sur les 4 temps. Un délicieux mélange.

Une valeur sûre du rap
En somme, le rappeur de Keur Mbaye Fall, longtemps perçu comme une valeur sûre de la nouvelle génération, donne ainsi au public l’occasion de tester son talent. Il se définit comme un «rappeur engagé». Et cela se sent en écoutant son nouveau produit fait de textes engagés et portant sur 3 thèmes : l’espoir, la spiritualité et l’ego trip. Amada Picasso explique d’ailleurs que l’ego trip «fait partie du rap». «C’est ce que font tous les rappeurs. Il faut montrer ce dont on est capable avant d’inviter le public à réfléchir sur un sujet beaucoup plus sérieux», dit-il. Pour lui, c’est également normal qu’il puisse évoquer l’espoir dans cet opus. «Il y a trop de gens qui vivent dans la misère et la seule chose qui les maintient en vie c’est l’espoir», relève-t-il, ajoutant qu’«il est important pour ces gens de savoir que demain existe». «Personnellement j’ai sacrifié pas mal de choses pour le rap. Et c’est parce que j’ai espoir que demain sera meilleur. C’est pour cela que tout naturellement cette thématique a été abordée sur ce maxi», a-t-il confessé devant ses quelques fans qui ont eu le privilège d’écouter le produit avant sa sortie officielle.
Evoquant par ailleurs la thématique de la spiritualité que l’on retrouve sur son opus, le rappeur explique qu’on ne peut que partager ce que l’on vit. «Nous autres rappeurs avons la chance d’être écoutés ; donc autant utiliser cet aura pour délivrer des messages de paix. Pour ma part, je suis un fervent disciple de Baye Niass et je ne peux qu’écrire ce que je vis de cette spiritualité», a-t-il mentionné. Il conclut en constatant que «le monde traverse une crise de valeurs sans précédent et sans cette dose de spiritualité on court à notre perte». «Un monde sans Dieu est un corps sans âme. C’est important de le souligner», termine-t-il.
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