Ousmane Sonko souhaite que le président de la République Bassirou Diomaye Faye arrête «ce qui se passe actuellement». Et ce n’est pas faute de lui en avoir parlé. Seulement, il n’y a pas «d’avancement», c’est pourquoi il porte la parole en public. Le président de Pastef estime que le «jour où le président de la République m’appelle et me dit que je ne mérite plus d’être son Premier ministre, je rendrai le poste et je retournerai à l’Assemblée nationale». Mais, il n’est pas dans cette perspective.

 

Par Malick GAYE – Ousmane Sonko serait-il aussi allergique à la critique ? Après son discours prononcé lors de l’installation du Conseil national de Pastef, Ousmane Sonko a demandé à Bassirou Diomaye Faye de sévir contre les attaques dont il fait l’objet. «J’ai été voir le Président Diomaye Faye. Il peut arrêter ce qui se passe actuellement. Pourquoi ne l’a-t-il pas fait ? C’est une autre question. J’ai évoqué ce sujet en conclave, mais il n’y a pas d’avancement. J’en ai parlé avec le Bureau politique, idem. C’est pourquoi je le dis ici. Qu’on revienne à l’essentiel pendant qu’il est encore temps. Si j’étais à la place qu’il fallait que je sois, il y a des choses qui n’auraient pas lieu dans ce pays. Il faut qu’on se dise les choses. On ne peut pas endurer des choses pendant des années dans l’opposition et être au pouvoir pour endurer pire», a déclaré le leader de Pastef. Une sortie qui pousse à s’interroger sur l’exercice du pouvoir de Pastef en coulisse. «Le Sénégal n’a pas une crise politique classique. Ce dont souffre le pays, c’est d’un problème d’autorité. Si nous continuons comme ça, nous ne ferons même pas un mandat», tonne le patron de Pastef. Avant de tempérer : «Ceux qui veulent me faire passer pour le méchant et lui pour le bon se trompent. Diomaye est mon frère, mon ami. Je ne convoite pas sa place.» Mais : «Qu’on me laisse gouverner ! Les choses changeront, car je ne supporte pas l’injustice.»

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Dans la même logique de répondre aux critiques, Ousmane Sonko a senti le besoin d’affirmer sa légitimité à exercer le pouvoir. «Certains manœuvriers se sont dit : c’est un homme de principe, il va démissionner si on le pousse à bout. A ces gens-là, je leur dis : je ne démissionnerai pas, je ne bougerai d’un centimètre. J’ai une responsabilité dans la gestion du pouvoir», a-t-il expliqué. Avant de rappeler ceci : «j’ai désigné un candidat, j’ai battu campagne avec lui. Ensuite, j’ai battu campagne pour les Législatives après avoir dirigé la liste. Qui peut revendiquer plus que moi ce qu’on a aujourd’hui pour penser que je vais démissionner ?», s’est-il interrogé. Ousmane Sonko semble mettre le président de la République devant le fait accompli. «Je n’irai nulle part. Le jour où le président de la République m’appelle et me dit que je ne mérite plus d’être son Premier ministre, je rendrai le poste et je retournerai à l’Assemblée nationale», a-t-il dit. Avant de préciser ceci : «Je suis théoriquement le chef de la majorité parlementaire, je suis le chef du gouvernement.»

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Par ailleurs, Ousmane Sonko est revenu sur la brouille avec l’Union des magistrats du Sénégal. «Que me vaudrait une audience avec l’Union des magistrats ? On prétend que je leur ai demandé une audience… Pour quoi faire ? Il y a deux ans, sous l’ancien régime, on leur a fait faire n’importe quoi. Ils n’ont jamais bronché. La Justice ne leur appartient pas, et il faut que les choses soient claires. Nous sommes l’Etat, et c’est nous qui orientons l’Administration. C’est ça la logique des choses», a affirmé le Premier ministre de la République du Sénégal aux magistrats.

Pour Sonko, la solution réside dans une réforme de la gouvernance interne de Pastef et une revitalisation de ses structures : «Le parti doit fonctionner comme il se doit, avec ses instances régulières. Le président et les responsables doivent discuter des grandes décisions. Le parti doit être informé de l’essentiel des actions de l’Etat, car nous sommes au pouvoir.»

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Dans le même discours aux allures de règlements de compte, il a traité des membres de la Société civile de «fumiers» dont les financements ne «doivent pas venir de l’étranger». Pour les médias, «pas tous», il a promis de continuer à les «combattre», en appelant publiquement ses militants à les «boycotter».
mgaye@lequotidien.sn