Le leader de Pastef presse le Président Macky Sall de nommer le successeur du juge Samba Sall pour l’élucidation de l’affaire de viols suivis de menaces pour laquelle il est placé sous contrôle judiciaire. Un dossier «vide» aux yeux de Ousmane Sonko qui a profité de sa sortie hier pour régler de nouveau ses comptes avec Macky Sall et Idrissa Seck. Par Babacar Guèye DIOP

– Le timing ne relève pas du hasard : Ousmane Sonko s’adresse à Macky Sall qui préside ce matin à Diamniadio le Conseil présidentiel sur l’emploi des jeunes. Dans un entretien accordé hier à sa plateforme Jotna tv, le leader de Pastef, silencieux depuis quelques semaines, n’a pas baissé la pression sur celui qu’il présente comme son adversaire. D’emblée, le député placé sous contrôle judiciaire, accuse le pouvoir en place de vouloir utiliser le dossier de «viols suivis de menaces de mort» pour l’empêcher de se présenter en 2024. «Le régime veut faire de mon dossier son arme pour 2024. Une chambre m’a été aménagée au Cap Manuel parce que le procureur voulait qu’on me mette en prison. Je suis pressé d’aller au procès parce qu’il n’y a pas de dossier. C’est vide. Il faut que Macky Sall nomme immédiatement le successeur de Samba Sall, paix à son âme. Je n’accepterai pas qu’ils retardent les choses jusqu’à la veille des élections pour en faire une arme politique contre moi. Ils me l’ont fait dans ma plainte sur les 94 milliards. On veut du fast track sur ce dossier», a déclaré M. Sonko.
Par ailleurs, le chef des Patriotes considère que le Président Macky Sall, «cherche les magistrats les plus corrompus pour les promouvoir». Mais il ne voit pas ce qui pourrait l’empêcher d’être candidat en 2024. «Macky est trop petit pour la réalisation de ce funeste projet. S’il pense qu’il peut utiliser la justice pour me rendre inéligible en 2024, qu’il se détrompe», a-t-il lancé. Pour Sonko, «s’il y a quelqu’un qui est hors course en 2024, c’est Macky Sall». D’ailleurs a-t-il raillé à propos du 3ème mandat, ce chiffre n’existe plus dans le langage du chef de l’Etat. «Un marabout me disait que depuis les dernières manifestations quand Macky compte, il saute le chiffre 3. Il dit 1, 2 et 4», a ironisé Ousmane Sonko.

Idrissa Seck «a perdu toute dignité»
L’ancien candidat à la Présidentielle de 2019 qualifie Macky Sall de Président «illégitime». Une caractérisation qui «fait mal au régime en place», selon M. Sonko. Il indique n’avoir pas été le seul à ne pas reconnaître l’actuel chef de l’Etat après la réélection de ce dernier en 2019. «Il y a un ancien candidat (Idrissa Seck, Ndlr) qui se permet de m’attaquer parce qu’il a été nommé par Macky Sall. Pourtant, ce candidat, après la proclamation des résultats des dernières élections, m’a appelé pour une rencontre chez Atépa, devant Boubacar Camara. Il m’a dit qu’il fallait qu’on sorte les jeunes pour rendre ce pays ingouvernable, parce que disait-il, Macky a volé les élections. J’ai refusé en disant qu’il fallait ne pas reconnaître Macky Sall et je suis toujours dans cette posture. Lui-même qui avait appelé à manifester, le jour où il a fait sortir ses jeunes, il est parti à Touba. Cet homme a perdu toute dignité et manque de constance. Ce n’est pas lui qui va nous donner des leçons», a déballé Ousmane Sonko.

«Ils sont dans une logique de créer une guerre civile au Sénégal»
Par ailleurs, le leader de Pastef s’est aussi attaqué au bilan de Macky Sall et ne croit pas aux promesses faites par le président de la République relatives à la création d’emplois. «Il parle de 450 milliards. L’Etat n’a pas vocation à créer des emplois, il doit créer les conditions. Il a commencé par le recrutement de 3000 policiers volontaires. C’est du saupoudrage. Macky Sall ne peut pas faire des résultats, il ne le fera jamais. Je le dis depuis 2014, lors du lancement du Pse. Il n’a ni les moyens, ni la vision, ni les compétences, encore moins l’équipe pour développer ce pays», a-t-il constaté.
Dans le débat sur l’ethnicisme, Ousmane Sonko accuse le régime en place. «Ils sont dans une logique de créer une guerre civile au Sénégal parce qu’ils savent qu’ils ont perdu et ont peur. Ils veulent mettre du sable dans le couscous. Le pétrole et le gaz font qu’ils s’accrochent à ce pouvoir. S’ils pouvaient brûler ce pays et créer une guerre civile, Macky et ses hommes le feraient», a-t-il dit. Lors des émeutes du mois dernier, Ousmane Sonko a vu un Président «esseulé par ses partisans qui ont fui dans les hôtels et à l’étranger» Il conclura : «Si on n’avait pas un certain comportement (lors des manifestations), Macky ne serait plus Président.»
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