Au Soudan, le régime indique avoir fait échec à une tentative de coup d’Etat conduite par des soldats proches de l’ancien Président Omar el-Béchir, évincé du pouvoir en avril 2019 après 30 ans de règne. Plus d’une dizaine d’officiers et de soldats soupçonnés d’être à l’origine cette tentative de putsch ont été arrêtés.Par Mamadou T. DIATTA – 

Les partisans de l’ex-Président soudanais voudraient-ils le faire revenir au pouvoir par le biais de certaines franges de l’Armée, après plus de 30 ans de règne ? Tout porterait à le croire, à suivre les derniers développements du putsch avorté d’hier à Khar­toum. Hier en effet, le pouvoir soudanais a annoncé sur les antennes de la télévision locale avoir déjoué un coup d’Etat dont il était informé la veille. Le Premier ministre, Abdalla Hamdok, ne dit pas le contraire. Lui qui parle d’un projet de «complot bien préparé» par ses auteurs, indique dans une allocution télévisée, que ces derniers sont des membres, pour certains parmi eux de l’état-major de l’Armée. Hamdok a même fait cas de «la détérioration de la sécurité», du «blocage de routes, (de) la fermeture de ports et (de) l’incitation continue contre le gouvernement civil».
Le ministre de l’Information soudanais parlant dans le même sens de cette situation, enfonce le clou. A la télévision d’Etat, Hamza Baloul fait état d’«une tentative de coup d’Etat manquée, menée par un groupe d’officiers des forces armées et de civils issus de l’ancien régime (…) a été maîtrisée à l’aube». Le ministre de l’Information annonce aussi l’arrestation de 11 officiers et de plusieurs soldats qui auraient participé à la tentative de putsch alors que les médias d’Etat diffusaient en boucle des chants patriotiques.
C’est la première fois que le Conseil souverain, dirigé par Abdel Fattah al-Burhane, qui a évincé du pouvoir au Soudan Oumar el Béchir en avril 2019 après plus de 30 ans de règne de ce dernier, fait face à une tentative de coup de force. Aux yeux du Pm soudanais, l’évènement d’hier «souligne clairement l’importance d’introduire des réformes dans l’Armée et l’appareil sécuritaire». L’Ar­mée informe de la reprise de «toutes les positions dont s’étaient emparés les putschistes». Des manifestations de protestation ont eu lieu dans plusieurs villes du Soudan avec des slogans comme «Non au pouvoir militaire !» et «Non au coup d’Etat !».
Les condamnations de cette tentative de coup d’Etat n’ont pas manqué. Alors que des pays comme les Etats-Unis, la Grande Bretagne et la Norvège condamnent, l’on apprend aussi que Antonio Guterres met en garde contre tout ce qui pourrait saper la transition politique au Soudan. Le Se­crétaire général de l’Onu a appelé toutes les parties à la défense de «la mise en œuvre des aspirations du Peuple soudanais en faveur d’un avenir démocratique, stable, pacifique et inclusif».
Par ailleurs, Mohamed Hamdan Daglo, ancien du régime Béchir et puissant chef paramilitaire et membre du Conseil de souveraineté, a soutenu vouloir d’«une véritable transition démocratique avec des élections libres et justes».
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