Le Directeur régional du fonds des Nations unies pour la population (Unfpa) semble émettre des réserves sur la stratégie des Etats de fermer les frontières. Hier, lors d’une conférence de presse virtuelle du système des Nations unies, Mabingué Ngom a fait savoir que «les Etats devraient opter pour une surveillance renforcée de la maladie aux frontières plutôt que pour la fermeture systématique des frontières». Selon lui, «les incidences d’une telle stratégie peuvent être dévastatrices pour les populations mobiles et l’économie locale». Lors de cette conférence de presse, le Directeur régional de l’Unfpa a soutenu que «les Nations unies sont particulièrement préoccupées par l’impact du coronavirus sur les pays pauvres et les populations les plus vulnérables».
Attirant l’attention sur les difficultés auxquelles sont confrontés les pays africains, Mabingué Ngom souligne qu’«on dénombre 1,3 million de réfugiés, plus 5 millions de personnes déplacées au sein des pays de la région et des dizaines de milliers de migrants bloqués en Afrique de l’Ouest et du Centre qui ont un besoin urgent». A ces couches vulnérables de la population, il ajoute plus de 19 millions de personnes «confrontées à l’insécurité alimentaire pendant la prochaine période de soudure de juin à août 2020 dans la région». D’après M. Ngom, «si les gouvernements et la Communauté internationale n’agissent pas pour remédier à la situation, ce nombre pourrait doubler d’ici la fin de l’année en raison de l’impact socio-économique de la pandémie».
A ces problèmes s’ajoutent ceux qui affectent directement les enfants. D’ailleurs, selon le Directeur régional de l’Unfpa, «les mesures de confinement affectent encore davantage la capacité des enfants à accéder à des services de base comme l’eau, l’hygiène, l’assainissement, l’éducation». Concernant ce dernier point, il estime à plus 128 millions le nombre d’enfants touchés par la fermeture des écoles en plus des 41 millions d’enfants non scolarisés avant la pandémie. Dans la même veine, M. Ngom informe qu’on estime que «11 millions d’enfants de moins de 5 ans souffriront de malnutrition aiguë».
Par ailleurs, le Directeur régional de cette agence des Nations unies insiste sur le fait qu’il «est crucial de veiller que partout dans le monde les populations continuent d’avoir accès aux services sociaux de base et à la protection sociale». Selon M. Ngom, les services de santé essentiels doivent être toujours disponibles. Il s’agit aussi, à l’en croire, d’aider «les personnes à faire face à l’adversité grâce à la protection sociale et aux services de base».
En outre, il ajoute qu’il faut un «contrôle raisonnable sur la transmission». Expliquant la nécessité pour les pays africains de maîtriser cette transmission, M. Ngom déclare : «Etant donné la faiblesse des systèmes de santé, les lacunes dans la fabrication des médicaments et le manque d’équipements essentiels tels que les ventilateurs et aussi la concurrence international que suscitent ces produits sur le marché mondial, il est essentiel de contrôler la transmission.»