Le député Farba Ngom a passé, hier, sa première nuit en prison. Il a été placé sous mandat de dépôt. Il est inculpé de «blanchiment d’argent, association de malfaiteurs et complicité d’escroquerie» sur un montant de 31 milliards de francs Cfa. Le Quotidien a appris que la somme, qui serait à la base des poursuites, proviendrait du Trésor public et aurait été versé dans les comptes de sociétés appartenant à Tahirou Sarr. Ce dernier n’a pas été interrogé pour savoir la cause du versement supposé des sommes en question dans les comptes du parlementaire. Par Malick GAYE – 

Le député, membre du groupe parlementaire Takku Wallu Senegaal, Mouhamadou Ngom dit Farba, a passé, hier, sa première nuit en détention préventive. Le député maire des Agnam a été placé sous mandat de dépôt par le président du collège des juges d’instruction financiers du premier cabinet du Pool judiciaire financier (Pjf).  Il est inculpé des délits supposés de «blanchiment d’argent, association de malfaiteurs et complicité d’escroquerie». C’est ce que révèle une source proche du dossier. Cette dernière a dénoncé «l’absence de faits articulés» contre Farba Ngom. Selon la source, Farba Ngom a proposé au juge de cautionner en mettant sur la table ses biens immobiliers. Une offre que le juge a rejetée prétextant, selon la source, une non-«effectivité de la caution». En effet, Farba Ngom était disposé à remettre certains de ses biens immobiliers entre les mains de la justice comme caution, mais il fallait d’abord que le Tribunal «accepte le principe d’un cautionnement en donnant une ordonnance à cautionner» pour que cela soit effectif, renseigne notre informateur. Ce dernier a précisé que la base de la poursuite est un rapport de la Centif. «Le rapport de la Centif ne vise aucun fait. La Centif n’a interrogé personne. Aucune personne citée dans ces rapports n’a été entendue», a soutenu notre interlocuteur. Ainsi, d’après notre informateur, la Centif a envoyé une réquisition au Trésor public pour connaître l’origine des fonds (31 milliards Cfa), qui est l’objet de débats. A en croire notre interlocuteur, le Trésor public n’a pas répondu à la requête de la Centif. Cette structure voulait savoir l’origine des fonds qui auraient été versés dans les comptes appartenant à Tahirou Sarr. «La Centif s’est bornée à recueillir les documents transmis par les banques. Ils n’ont jamais demandé des explications aux personnes concernées. Ils ont envoyé une réquisition au Trésor public. Qui n’a pas répondu parce que la Centif dit ne pas comprendre la raison pour laquelle le Trésor a payé des sommes à Tahirou Sarr. La Centif interroge le Trésor sur l’origine de cet argent, mais n’obtient pas de réponse. Le défaut de réponse ne constitue pas une cause de suspicion de l’illégalité. Tout ce qui vient du Trésor devrait être légal et légitime. L’argent vient du Trésor. Ils n’ont pas demandé à Tahirou Sarr pourquoi l’argent vient du Trésor. Le Trésor n’a pas répondu. Comment peuvent-ils savoir ? Toutes les sommes qui viennent du Trésor sont passées directement dans le compte de sociétés contrôlées par Tahirou Sarr. Il n’y a pas eu un seul franc qui vient du Trésor qui est passé dans un autre compte. Ils n’ont pas interrogé Tahirou. Pourquoi disent-ils que ces sommes-là proviennent d’une escroquerie ou d’un blanchiment ? Ils ne savent  pas. Ils n’ont pas de réponse. La seule justification c’est leur ignorance», a détaillé notre source. Qui a ajouté qu’«aucune somme n’a quitté le Trésor pour aller dans un compte d’une société gérée par Farba Ngom».

Par contre, rappelle-t-elle, Farba Ngom et Tahirou Sarr entretiennent des relations d’affaires.

Notre source indique même que certaines transactions datent de 2014, soit plus de 10 ans. «Ces transactions sont proscrites», a-t-elle affirmé.

Appréciant les faits reprochés à Farba Ngom, notre source a déclaré que «l’escroquerie suppose l’usage d’un faux nom, d’une fausse qualité et de manœuvre frauduleuse. Il n’y a aucun fait articulé autour d’une manœuvre frauduleuse, autour d’une pièce fausse, ni autour de quoi que ce soit. Le juge d’instruction a été incapable d’articuler un fait contre Farba Ngom. Il lui a signifié des préventions d’infraction».
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