Soutien à la directice de 7 Tv : La presse dénonce, exige justice et tire la sonnette d’alarme.

Maïmouna Ndour Faye a été touchée. Touchée mais pas coulée. Avec elle, la presse nationale se tient debout, et pour que soit plus que jamais vivifiées les libertés d’expression et de presse.Par Moussa Seck –
Il est presque dix-huit heures et une voix ordonne : « Tout le monde en bas »! Ordre de doyen : tous s’exécutent. Tous s’assoient, devant le bâtiment de la 7TV. Sambou Biagui mit ainsi tout le monde dans (presque) la même posture que Maïmouna Ndour Faye, qui ne s’est pas encore relevée de son agression. Pour protester. En son nom, et au nom de tout le journalisme sénégalais. « Et il est temps de mettre fin à ce qui se passe au Sénégal au niveau de la presse sénégalaise ». Ce qui se passe ? « Violences policières », « violences politiques », « violences militantes », telles que listées par Bamba Kassé, et qui doivent cesser selon un chant en chœur entonné par une corporation venue manifester son soutien à une consœur poignardée.
Quel mobile a guidé l’agression de la première figure de la 7TV ? Diatou Cissé Badiane se veut prudente. Non sans dénoncer : « Ce qui est arrivé à Maïmouna est une menace grave, une menace grave contre la presse. Est-ce que c’est spécifiquement contre la presse ? Je n’en sais rien, parce qu’on ne connaît pas encore les mobiles de cette agression sauvage que rien ne peut justifier. Mais tout ce que je peux dire, c’est que c’est un problème qui interpelle toute la société sénégalaise ». En ce sens que « notre première condition de survie c’est de nous sentir en sécurité ». Et l’agression de Maïmouna, selon Diatou, souligne que « c’est peut-être aussi la sécurité du journaliste qui a été touchée et quand les journalistes ont un sentiment d’insécurité, je pense que sans prétention aucune, la démocratie, quelque part, a un sentiment d’insécurité ». Tout bonnement, parce que « la liberté de la presse et la liberté d’expression constituent quand même des piliers de la démocratie en tant que système viable où chaque citoyen peut s’exprimer dans le respect de l’autre sans qu’on puisse essayer d’attenter à sa vie », a conclu celle qui est venue communier avec ses petites sœurs et petits frères.
« …il y a encore des choses à se dire entre nous de la presse »
Ces petits frères et petites sœurs qui sont, comme le croit Migui Marame Ndiaye, autant de Maïmouna Ndour Faye. S’il y a derrière l’acte décrié de tous, une intention de musellement, « c’est peine perdue », à en croire le président de la Convention des jeunes reporters du Sénégal (Cjrs). M. Ndiaye devant confrères, consœurs et autres sympathisants, scandera que « dans les rédactions, il y a des centaines de Maïmouna Ndour Faye, des femmes et des hommes. Donc, c’est peine perdue ». D’où l’intention de museler, si elle est, puisse provenir, « pouvoir comme opposition ». « Nous serons là et nous allons faire face », avec le ton !
« On a voulu tuer cette dame ». Aussi, ce qui s’est passé n’est pas qu’une banale agression : conviction de Daouda Diouf, de la RFM. M. Diouf rappelle que l’affaire MNF n’est pas un cas isolé. Il y a quelques jours, c’était Absa Hane et Kambel Dieng plus loin dans le temps. Encore loin dans le temps, des locaux brûlés sous le régime de Wade. Celui de Macky n’est pas exempt des reproches qu’on pourrait faire aux autres. Pas exempts, aussi, les nouveaux opposants. « Ce sont des politiques », qu’ils soient de tous les bords, « et ce qu’ils veulent, c’est cultiver la pensée unique (…). Soit on est avec le pouvoir ou bien, on est avec l’opposition. Et je pense que ça, ce n’est pas un travail journalistique », a déclaré M. Diouf. Lui, qui s’inquiète du sort des jeunes reporters sur le terrain, exposés qu’ils sont ! Lui, qui propose de dépasser les communiqués d’indignation. Lui, qui préconise des actes concrets. Le boycott, par exemple… « Solidarité », dit Daouda et exigence de résultat ! « On donne une semaine, deux semaines à l’État du Sénégal ». D’autres actions suivront, si l’agresseur n’est pas retrouvé. D’autres actions, comme, une journée sans presse.
« De Dakar à Téhéran, les journalistes sont menacés parce que la vérité, tout le monde ne l’aime pas », a soutenu Ibrahima Diédhiou de la Rts. Prudence, préconise-t-il. Neutralité, travail de sentinelle, tout faire pour n’être étiqueté politiquement…M. Diedhiou n’a ainsi pas manqué de revenir sur les principes. « Au Sénégal, il y a encore des choses à se dire entre nous de la presse pour pouvoir faire face aux autres pouvoirs qui sont en face de nous »…