Le Parti africain pour la démocratie et le socialisme (And jëf/Pads) a changé de fusil d’épaule. Après avoir résisté pendant 12 ans  au régime «nihiliste» de Macky Sall, Mamadou Diop Decroix et ses camarades ont décidé, cette fois-ci, de soutenir le régime de Bassirou Diomaye Diakhar Faye. Qu’est-ce qui motive ce changement de paradigme ? «Nous exprimons l’espoir que les rencontres prévues par le nouveau chef de l’Etat nous permettront de revenir sur toutes les limites et faiblesses d’un système électoral qui aura quand-même procuré beaucoup de satisfaction pendant ses 30 années d’existence», s’est justifié, hier, le Secrétaire général d’Aj/Pads, Mamadou Diop Decroix, au cours d’une conférence de presse. D’après lui, ils ont «suivi, écouté et observé déjà depuis leur sortie de prison et avant l’élection, le duo Ousmane Sonko-Diomaye Faye, et particulièrement les dernières sorties de ce dernier après son élection». A l’en croire, c’est «sur la base de ce que nous avons vu et entendu, que nous caressons l’espoir de voir se réaliser le rêve fondateur de notre parti dans la clandestinité, c’est-à-dire l’indépendance de notre pays, la libération de notre Nation et l’émancipation de notre Peuple». Autre motif, poursuit Mamadou Diop Decroix, c’est cette volonté du parti Pastef «de rompre d’avec le système politique relevant de l’héritage colonial». Il s’y ajoute «la réfutation par Ousmane Sonko, leader du parti Pastef, de la fameuse formule qui veut qu’une élection présidentielle soit la rencontre d’un homme avec son Peuple». Laquelle «correspond exactement à notre conception du rapport entre l’individu et le collectif», a dit le Secrétaire général d’Aj/Pads.

En fait, d’après lui, la direction a perçu «son acte consistant à proposer Bassirou Diomaye Faye comme alternative à sa propre candidature comme un acte de foi selon lequel la cause qu’il défend est au-dessus de la personne de celui qui l’incarne». Suffisant pour dire que «ceci est une importante nouveauté démocratique». Une décision qui renvoie également «à une philosophie de l’humilité qui rompt d’avec l’esprit d’homme providentiel». A ce propos, And jëf-Pads apprécie l’esprit du nouveau Président, qui pense que «la politique est un sacerdoce au service de la prospérité du plus grand nombre, non un instrument d’enrichissement personnel». Un avis que la direction d’Aj partage. Et pour Diop Decroix et ses camarades, «donner corps au sommet de l’Etat à cette doctrine sera, assurément, la fondation de toutes les ruptures attendues».

Ils sont aussi séduits par «la notion de leadership, le style que Diomaye arbore en termes de sobriété, de simplicité et d’humilité». D’après Diop Decroix, il  correspond bien à l’image qu’ils se font «du dirigeant politique proche de son Peuple et de ses difficiles conditions d’existence».
C’est aussi «la trempe d’une école politique par-delà ses racines sociales et culturelles», a-t-il détaillé.

Mais cette volonté de soutenir le pouvoir en place ne date pas d’après l’élection.  «Car il avait été demandé à tous les responsables au niveau des fédérations et des sections de se concerter pour désigner le candidat de leur choix parmi ceux de l’opposition. Mais à l’arrivée, «la quasi-totalité des fédérations et sections, ainsi que les militants de la diaspora ont voté et fait voter en faveur de Diomaye Faye, sans aucune contrainte ni pression d’aucune sorte de la direction ou du leader du parti», a-t-il précisé. Et c’est dans ce sens que la direction a compris «la volonté politique et les aspirations véritables des militants d’accompagner le Président Faye à l’élection duquel ils ont contribué», a-t-il dit.
Par Justin GOMIS – justin@lequotidien.sn