L’impact du gel et de la baisse des taxes sur certains produits alimentaires va faire perdre au gouvernement des recettes de l’ordre de 47 milliards de francs Cfa. Cependant, rassure le ministre des Finances, cette perte ne va pas crever le budget de l’Etat qui peut compter sur l’aide reçue dans le cadre des Droits de tirage spéciaux.Par Khady SONKO
– Les propositions du Conseil national de la consommation ont été entérinées par le chef de l’Etat. Ces mesures prises par le gouvernement pour atténuer l’ampleur de la hausse des prix en renonçant ou en réduisant les taxes qui pesaient sur certains produits alimentaires entraîneront une baisse des recettes de l’Etat de l’ordre de 47 milliards de francs Cfa d’ici la fin de l’année. C’est ce qu’ont fait savoir hier, lors d’une conférence de presse conjointe, le ministre des Finances et du budget et celui du Commerce et des Pme.
A ceux qui doutent de l’impact réel des mesures sur le panier de la ménagère, Assome Aminata Diatta assure qu’il sera significatif pour le pouvoir d’achat des ménages sénégalais. «Il y a aura une amélioration dans les prochains jours. Le premier impact déjà, grâce à la Tci, sera de ne pas dépasser le prix de 625 par exemple sur le kg de sucre», a promis Assome A. Diatta. «Nous ne travaillons pas pour la baisse des prix, mais pour le maintien du pouvoir d’achat des consommateurs», renchérit Abdoulaye Daouda Diallo.
Le ministre des Finances et du budget a insisté sur le caractère général de la hausse dans le cadre des importations. «Le coût du fret a beaucoup augmenté voire multiplié par 4. Du coup, les importateurs sont obligés de répercuter cette hausse sur les prix», explique-t-il.
M. Diallo est revenu sur la suspension des créances de l’Etat lors du Covid-19, des droits de taxes pour soutenir et accompagner les entreprises des secteurs les plus touchés. «Ce qui nous avait coûté près de 300 milliards de francs Cfa», rapporte-t-il.
Les nouvelles mesures de renonciation ou de gel des taxes concernent des produits comme le sucre dont la taxe conjoncturelle à l’importation a été totalement suspendue. «Elle est de 8%. Ce qui fait une baisse des droits de douane sur le sucre de l’ordre de 60%», explique Daouda Diallo. Il poursuit : «Sur l’huile brute, la taxe d’ajustement à l’importation est passée de 10 à 5%, soit une baisse de 50%. Pour le maïs, la taxe d’ajustement à l’importation qui était de 5% a été levée. Pour le blé, la Tva qui était passée de 18 à 6% est supprimée pour maintenir le niveau du prix du pain.» La baisse des prix des denrées de grande consommation ne concerne pas la viande dont le kg va jusqu’à 4 000 francs Cfa.
Les priorités délaissées pour gérer les urgences
Le ministre des Finances et du budget a aussi largement expliqué pour rassurer les Sénégalais quant aux 47 milliards de recettes que l’Etat va renoncer d’ici la fin de l’année. «Quand une recette baisse, nous sommes appelés naturellement à jouer sur deux paliers, booster les entrées pour atténuer la baisse. Ce qui permet de ne pas connaître de baisse importante. Si on parle de 47 milliards de francs Cfa de baisse, ce n’est pas forcément que les recettes vont baisser de 47 milliards de francs Cfa d’ici la fin de l’année. Entre-temps, il peut y avoir des efforts importants dans le cadre de la nouvelle politique de l’Administration douanière pour booster les recettes. Le deuxième élément est ajusteur dans le cadre du budget de l’Etat où nous pouvons nous appuyer sur les chapitres appelés réserves d’exécution et de précaution à chaque fois qu’il faut prendre une décision urgente», a développé Abdoulaye Daouda Diallo.
Il informe que le gouvernement peut également compter sur l’aide reçue dans le cadre des Droits de tirage spéciaux (Dts) puisque, souligne le ministre, «de nouvelles possibilités budgétaires appuieront les dépenses sociales».
Selon lui, le fonctionnement du budget de l’Etat ne sera atteint en aucune façon. «Avant de prendre une décision, le chef de l’Etat réfléchit sur les mesures appropriées. Ce qui fait qu’on va sortir des dépenses prioritaires pour aller vers celles d’urgence.»
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