Le «Vallenato», ce genre musical venu de la Colombie, est une combinaison d’influences africaines, européennes et de rythmes indigènes d’une région pastorale de ce pays d’Amérique du Sud. Ce dimanche, une initiative de l’ambassade de Colombie à Dakar a permis à un groupe «Vallenato», dirigé par Oscar Diaz, de se produire au Musée des civilisations noires de Dakar. Par Mame Woury THIOUBOU –

 Des sonorités africaines mélangées aux rythmes des peuples autochtones et à l’influence d’un instrument venu d’Europe, l’accordéon. C’est en substance le cocktail qui a mis au monde le Vallenato, cette mélodie venue de la Colombie. Ce dimanche, les spectateurs présents dans l’auditorium du Musée des civilisations noires ont succombé à l’enchantement de ces rythmes venus de loin, mais pourtant si familiers. «Le Vallenato est un genre musical très peu connu dans la sous-région, mais qui a une forte matrice africaine et qui est intimement liée à la population peule qui a été déportée aux Amériques pendant la Traite négrière», souligne l’ambassadrice Claudia Mosquera Rosero. Selon elle, cette matrice africaine a évolué avec d’autres influences, européenne notamment par l’introduction de l’accordéon et des airs musicaux des populations indigènes pour donner naissance au Vallenato. Sur invitation de l’ambassadrice, un groupe d’artistes représentatifs de ce genre musical a posé ses instruments au pays de la Teranga. «En Colombie, 25% de la population sont d’ascendance africaine, et une bonne partie de ces populations viennent de la Sénégambie. Pour nous, la culture, c’est un point de reconnexion entre l’Afrique et la Colombie», indique Mme Rosero.

Oscar Díaz et son groupe ont ainsi permis à un public diversifié de découvrir ces rythmes et chants. «Les origines du Vallenato mêlent les chants des vaqueros conduisant le bétail, les rythmes introduits par des personnes d’origine africaine réduites en esclavage et leurs descendants libres, les percussions indigènes qui imitaient les sons de la nature et, plus tard, l’accordéon européen», explique une note de l’ambassade. Sur la scène du Musée des civilisations noires, Oscar Diaz et ses musiciens ne se sont pas contentés de faire découvrir des rythmes et mélodies de leurs pays, ils ont aussi fait voyager le public à travers des histoires et anecdotes liées aux fondateurs de cette musique, mais surtout au grand-père de l’artiste, Leandro Díaz, et son père, le chanteur Ivo Díaz. Ces deux artistes sont en effet des figures emblématiques du Vallenato. Né à Barranquilla et élevé dès son enfance à Valledupar, la ville du Vallenato, Óscar Diaz est incontestablement l’héritier d’une dynastie qui a marqué l’histoire du Vallenato. Dès ses jeunes années, il s’est distingué dans les festivals en remportant plusieurs prix dans les catégories enfantines, jeunesse et amateur. «A Valledupar, il a été sacré à trois reprises consécutives meilleur chanteur et roi de la chanson inédite dans les concours scolaires», informe l’ambassade. Les paroles qui accompagnent la musique Vallenato expliquent le monde à travers des histoires où se fondent réalisme et imagination. Ces chansons mêlent tour à tour nostalgie, joie, sarcasme et humour. Les instruments traditionnels comportent un petit tambour appelé caja vallenata, sur lequel on joue uniquement avec les mains, un morceau de bois rainuré sur la surface duquel on frotte un peigne en fil de fer, la guacharaca, et un accordéon. La notoriété de cette musique locale est aujourd’hui grande. «Cette musique a réussi à supplanter la salsa dans notre pays», indique l’ambassadrice.

Inscrite au patrimoine de l’Unesco
La musique traditionnelle Vallenato est inscrite depuis 2015 dans la liste du patrimoine mondial de l’Unesco. Autour d’un grand festival organisé à Valledupar, ce sont chaque année des milliers de personnes qui se réunissent pour faire vivre cet art musical. Oscar Diaz, considéré comme l’un des ambassadeurs les plus solides du Vallenato traditionnel, a montré son talent au public dans une prestation mêlant rythme, danse et présence scénique. S’exprimant sur le sens de cette manifestation, l’ambassadrice indique que la présence à Dakar depuis 2024 d’une ambassade est une volonté du gouvernement colombien de renforcer ses relations avec l’Afrique de l’Ouest, en particulier avec le Sénégal. En décembre prochain, une visite officielle de la vice-présidente est prévue à Dakar. En attendant, une délégation d’investisseurs colombiens a participé au Fii Senegal organisé par l’Apix la semaine dernière.
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