Robert Wilson a adapté au théâtre «Le livre de la Jungle» de Rudyard Kipling. A Tunis, le spectacle a été présenté en ouverture des Journées théâtrales. Un spectacle enchanteur.Par Mame Woury THIOUBOU (Envoyée spéciale à Tunis)
– Avec The jungle book, le metteur en scène américain, Robert Wilson, entraîne son public dans un monde enchanté et enchanteur. Au premier jour des Journées théâtrales de Carthage, c’est la pièce du metteur en scène américain qui a été présenté au Palais de la Culture de Tunis. Dans une salle comble, les personnages qui peuplent Le Livre de la jungle de Rudyard Kipling ont littéralement repris vie dans une magie de couleur et de lumière. A la baguette de ce chef d’œuvre, Robert Wilson et les sœurs CocoRosie pour la musique.
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Le livre de la jungle, composé de nouvelles et publié en 1894 par Rudyard Kipling, présente la vie de Mowgli, ce petit enfant qui s’est retrouvé dans la jungle. Entre comédie musicale et théâtre, la pièce est présentée avec une suite de tableaux dans lesquels Wilson met en scène une galerie de personnages. On y retrouve ainsi un Mowgli toujours jeune, sous les traits d’une jeune fille à la voix éclatante, la panthère noire Baghera, le Tigre Shera Kan, les parents loups de Mowgli, mais aussi le singe, le serpent et l’éléphant. C’est ce dernier personnage qui tient le récit de la pièce. Il nous amène tour à tour aux moments-clés du récit, quand Mowgli arrive dans la jungle, quand il en ressort pour rentrer chez les hommes et enfin quand, chassé par les hommes, il retourne dans la jungle.
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Tantôt en chansons, en danses ou en paroles, Robert Wilson et ses acteurs captent toute l’attention du spectateur par leurs belles chansons, mais aussi par les pas de danse distribués. Difficile de rester insensible à ce spectacle qui met en avant des valeurs somme toute universelles. C’est d’ailleurs ce que dit le metteur en scène américain, au lendemain de la présentation, durant une discussion avec la presse. «C’est une histoire universelle qui devait être dite aujourd’hui et maintenant.» Il faut dire que le spectacle revisite ces valeurs et sentiments que l’humanité semble parfois avoir perdus. L’empathie, la tolérance, le respect, la paix et l’amour. Dans cette jungle où les décors sont un dialogue permanent entre la lumière et les accessoires, Robert Wilson met en avant des questionnements écologiques et le respect de l’autre. C’est bien ici que Mowgli est chassé par les hommes et est contraint de retourner dans la jungle. Une jungle qui se meurt également par le fait d’une sècheresse sévère.
Décors, lumières et musique
Pour conter cette histoire, Robert Wilson réalise, comme à son habitude, un travail minutieux sur le décor, la lumière, les maquillages, mais surtout la musique. Elle est jouée directement par les musiciens de CocoRosie, installés dans la «fosse» de l’Opéra de Tunis. Des chansons en anglais composées par les deux sœurs tandis que la narration suit son cours en français. Cette musique définit pourtant une atmosphère particulière dans le spectacle. Folk, percussions, musique électronique et même hip-hop forment un mélange des plus réussies. Et les différents personnages en font un allié pour danser, se mouvoir, prendre une gestuelle originale. De prime abord, les costumes, les postures des acteurs et le sujet principal pourraient faire penser qu’il s’agit d’une pièce pour jeune public, les enfants adorent certainement. Mais The jungle book s’adresse tout aussi bien aux adultes. Ceux-là mêmes dont les agissements sont en train de rendre notre monde de plus en plus invivable. «La loi de la jungle défend à toute bête de tuer le petit de l’homme», répète souvent Balou, celui qui, avec Baghera, prend en charge l’éducation du jeune Mowgli. Car dit-il, toucher au fils de l’homme, c’est s’exposer à une invasion de fusils. Mais l’adaptation de Robert Wilson donne une large place à la sauvegarde de la nature. La sècheresse qui frappe entraîne le tarissement de la rivière dans la jungle. Créée en 2018 au Théâtre de la Villette à Paris, The jungle book a fait le tour du monde. Après Peter Pan, une autre histoire de jeunesse adaptée au théâtre, Robert Wilson démontre une fois de plus sa maîtrise parfaite des espaces et du mouvement. «Le silence et le visuel sont un langage universel», dit-il.